Selon un article apparu, vendredi 1er juin, dans le quotidien Le Monde, dans une lettre envoyée au président français Emmanuel Macron, l’Arabie saoudite menace de lancer une « action militaire » contre le Qatar, si ce dernier acquiert, comme il en a exprimé l’intention, le système de défense antiaérienne russe S-400. Cette lettre truffée de menaces parvient à l'Élysée alors que la semaine dernière le président français a confirmé lors d'un entretien à BFMTV que le Premier ministre libanais avait été effectivement "détenu" par les autorités de Riyad lors de sa visiet du novembre 2017 en Arabie saoudite. Riyad n'a pas tardé à riposter à cette révélation française. Des signes de tension entre Paris et Riyad se multiplient.
L’ambassadeur du Qatar à Moscou, Fahad Bin Mohamed al-Attiyah, avait affirmé, en janvier, que son pays entendait se doter du système de missiles sol-air russe S-400, considéré comme l’un des plus performants au monde, précisant que les tractations avec le Kremlin étaient arrivées à un « stade avancé ». Un mois plus tard, Riyad avait reconnu à son tour être en lice pour obtenir ces batteries sol-air.
Dans la lettre envoyée à l’Élysée, dont le contenu a été dévoilé au Monde par une source française proche du dossier, le roi Salman exprime sa « profonde préoccupation » des négociations en cours entre Doha et Moscou. Malek Salmane s’inquiète aussi des conséquences de l’installation des S-400 au Qatar sur la sécurité de l’espace aérien saoudien et met en garde contre un risque d’« escalade ».
Dans une telle situation, « le royaume serait prêt à prendre toutes les mesures nécessaires pour éliminer ce système de défense, y compris à l’aide d’une action militaire », écrit le roi saoudien, qui conclut son courrier en demandant à Emmanuel Macron son aide pour empêcher cette vente et "préserver" ainsi la stabilité de la région.
Depuis un an, le Qatar n’a cessé de dénoncer une campagne mensongère anti-Qatar qui viserait sa souveraineté et son intégrité territoriale. L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn ont rompu leurs relations diplomatiques et économiques avec Doha le 5 juin 2017.