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Syrie: s'attirer la Russie dans son camp

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un soldat de Tsahal sur la frontière syrienne dans le Golan occupé le 9 mai 2018.© AFP

Depuis le 10 mai, date à laquelle des tirs de missile israéliens contre le nord de Quneitra a déclenché une riposte de la Résistance contre le nord du Golan et dans la foulée des frappes au missile israéliens contre les sites militaires vides à travers la Syrie, une question ne cesse d'être posée : de retour de Moscou à peine quelques heures avant cette flambée des violences, Netanyahu a-t-il eu le feu vert de Poutine pour s'en prendre à la Syrie? La question a lieu d'être posée dans la mesure où le conseiller du président russe a affirmé dans les heures suivant les frappes le refus de Moscou de livrer des S-300 à l'armée syrienne. 

Force est de constater que face aux accusations israéliennes contre l’Iran qui le rend responsable de l'attaque contre le Golan occupé, les Russes ont choisi de ne pas s'exprimer officiellement, même si le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a appelé, jeudi 10 mai, l'Iran et Israël à faire preuve de retenue. Interrogé par Sputnik, il a jugé "inquiétante" l'escalade des tensions en demandant que les divergences soient résolues par la voie du dialogue". Le ton réconciliant de Lavrov combiné au silence du Kremlin a permis à certaines presses israéliennes de surfer sur la vague et de parler d'un" feu vert russe aux actions guerrières d'Israël en Syrie". 

Mais qu'en est-il vraiment? 

L’analyste libanais des affaires stratégiques Nasser Qandil évoque dans son récent article, la visite effectuée par le Premier ministre israélien à Moscou où il a insisté, juste quelques heures avant l'embrasement du Golan, au parade militaire sur place Victoire : « Ce n’est pas la première fois que Netanyahu se rend à Moscou pour célébrer aux côtés de Poutine l’anniversaire de la défaite de l'Allemagne nazie. Pourtant, la visite du 9 mai a eu lieu dans un contexte très délicat, au moment où la région vit un énorme changement de rapport des forces. Netanyahu s'est rendu à Moscou alors que les tensions sont extrêmes en Syrie et que le président américain Donald Trump venait d'annoncer le retrait unilatéral de son pays de l'accord nucléaire avec l'Iran. Une décision que s'attribue Israël dans la mesure où il se dit être le principal allié et protégé de Washington à être exposé aux menaces "iraniennes". 

Et l'auteur d'ajouter: "Mais Poutine, a-t-il accordé son blanc seing à ce qu'Israël frappe la Syrie le 10 mai? Rien n'est moins sûr. Le président russe Vladimir Poutine s’est prononcé, mardi soir au Conseil de sécurité, à la veille de la visite à Moscou de Netanyahu et ses propos sont bien révélateurs. Il a évoqué le retrait US de l’accord nucléaire en se disant « profondément déçu par la décision du président américain de sortir unilatéralement de l’accord et de rétablir les sanctions américaines contre l’Iran ». D'après nos sources, le lendemain, le Premier ministre israélien a tout fait pour obtenir l’aval des Russes pour attaquer les "bases iraniennes" en Syrie sans pouvoir pour autant convaincre la partie russe. Le président Poutine aurait, vivement, critiqué aussi bien la décision du président américain de se retirer de l’accord nucléaire, que les tentatives israéliennes d’attiser le feu de la violence dans la région", nous rapporte  le quotidien israélien Haaretz. La Russie aurait même conseillé à Israël de ne pas se lancer dans une confrontation, sinon il devait en assumer lui-même la responsabilité".

Qandit poursuit : "Pour rappel, Poutine avait, déjà insisté, lors d’une précédente rencontre avec Netanyahu qu’il ne partageait pas la même position qu’Israël détenait envers la Syrie. Il avait conseillé aux Israéliens de "se retirer du territoire syrien", ( et le Golan fait partie du territoire syrien, NDLR) et laisser le sol syrien au gouvernement et à l’armée syriens et à opter pour "la politique de détente et de dialogue" avec ses voisins et ce, au lieu de se lancer dans une guerre à l'issue plus qu'incertaine. Après avoir auditionné ces propos, Netanyahu aurait quitté Moscou sur un constat d'échec, à l'issue d'une visite aux résultats « décevants », ainsi que le constatent les médias israéliens.

Certains médias israéliens ont écrit que le Premier ministre israélien avait même demandé au président russe de jouer un rôle de médiateur pour convaincre Téhéran de renoncer à sa riposte à l’attaque israélienne du 9 avril contre la base aérienne T4 en Syrie ( qui a coûté la vie à sept conseillers militaires iraniens, NDLR) , mais qu’il n’avait pas reçu une réponse positive de Poutine. Le chef d’État russe lui avait conseillé de respecter "l’intégrité territoriale syrienne" et de "ne surtout pas jouer avec le feu". La réaction de Poutine a été si loin des attentes de Tel-Aviv que Haaretz a titré : « Israël paiera cher le prix de la confiance de Netanyahu envers Poutine ».

L'expert libanais ajoute : " L’analyste militaire israélien Amos Harel n’a pas pu cacher sa colère lorsqu’il commentait les propos de Poutine. « La Russie s’est déclarée inquiète du non-respect d’Israël envers la souveraineté nationale syrienne, mais elle n’a pas dit un seul mot sur l’entrée du drone iranien dans le ciel d'Israël qui a précédé en 2017 le crash d'un F-16 israélien".

et Harel de conclure : "Nous avons vécu des situations semblables en janvier 2015. Israël a été accusé d’avoir assassiné un général iranien et Jihad Mughniyah, fils d’Imad Mughniyah, commandant militaire. Dix jours plus tard, le Hezbollah a tué, dans une embuscade au missile, un officier et un soldat israélien à Jabal Raas. Israël a décidé alors de ne pas continuer et d'en rester là mais le danger de la guerre nous menace toujours". Selon Qandil, c'est là le succès de la Résistance : Israël vient d'accepter un "équilibre de la terreur" exercé cette fois par un front la Résistance qui compte non pas deux composante mais trois : Gaza, Liban, Syrie. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV