Saadallah Zareï, directeur de l’institut iranien d’études stratégiques Andisheh Sazan Nour et professeur d’université, a déclaré, le vendredi 4 mai, qu’un Israël paniqué pourrait déclencher une nouvelle guerre dans la région.
Lors d’une conférence à Téhéran, à laquelle avaient participé nombre de journalistes et d’analystes, Saadallah Zareï a brossé un tableau de la perspective des prochains événements qui attendaient le Moyen-Orient.
« Les Israéliens sont particulièrement préoccupés, voire indignés, par la situation actuelle de la région. Le spectacle qu’a présenté, le 30 avril, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu en montrant un certain nombre de disques compacts dans l’objectif de suggérer “une menace sécuritaire en provenance de l’Iran” puisait ses origines dans cette crainte et cette indignation. Ce spectacle mettait en évidence le danger d’Israël plutôt que celui de l’Iran et l’état d’hypersensibilité dans lequel s’enlise Tel-Aviv, état qui pourrait le pousser à déclencher une nouvelle guerre dans la région. Cette guerre, si elle éclate, frappera la Syrie, mais ce ne sera pas Israël qui la gagnera, car le front de la Résistance, ayant engrangé une grande expérience durant le conflit en Syrie, ne se permettra pas de connaître la défaite lors de cette nouvelle guerre », a expliqué l’analyste iranien.
M. Zareï s’est ensuite interrogé sur la volonté des Israéliens de vouloir déclencher une guerre qui dure d’une à deux semaines. Il a exprimé ses doutes quant au fait que les Israéliens puissent terminer cette guerre dans la période prévue bien que l’expérience montre le contraire.
« Les Saoudiens voulaient finir la guerre qu’ils ont déclenchée contre le Yémen en dix jours, mais ils ne peuvent pas en sortir après 38 mois. »
Alors qu’on lui demandait si la Russie était déterminée à rester fidèle au front de la Résistance, l’analyste iranien a qualifié cette question de très « importante » et de « délicate », disant qu’il fallait faire une synthèse du comportement et des objectifs stratégiques de Moscou pour avoir une bonne conception des positions de la Russie, un grand pays qui s’est fixé des objectifs majeurs sur les plans régional et international.
« Coopérer avec la Russie et entretenir avec elle une relation quasiment stratégique, cela fait l’objet de discussions depuis la victoire de la Révolution islamique. Nos relations avec ce voisin du Nord ont commencé à cette époque-là et elles se poursuivent jusqu’à aujourd’hui. Ce dont nous sommes témoins à présent concernant les relations entre l’Iran et la Russie est le fruit de l’expérience que nous avons accumulée pendant les 30 dernières années en analysant les actions et les réactions de la Russie face à l’Iran. »
Selon le directeur de l’institut iranien d’études stratégiques Andisheh Sazan Nour, l’Iran et la Russie ont réussi, à maintes reprises, à neutraliser les complots fomentés par les services de renseignement des États-Unis, qui cherchaient à allumer la mèche des révolutions de couleur dans certains pays de la région afin d’en renverser les gouvernements légitimes.
« Nous avons confiance en la Russie de Vladimir Poutine, et la Russie de Vladimir Poutine nous fait confiance de son côté ».
Il a écarté l’idée selon laquelle la Russie agissait en fonction des points de vue et des intérêts de l’Iran, ajoutant que l’Iran, lui non plus, n’agissait pas en conformité avec les points de vue et les intérêts de Moscou.
« Mais nos intérêts et les siens sont parfois les mêmes », a-t-il tempéré.
À la question de savoir jusqu’où l’Iran et la Russie continueraient leur coopération, M. Zareï a répondu que cette coopération, de nature stratégique, se poursuivrait pour une longue durée.
« La Russie et l’Iran ont un besoin stratégique d’une coopération qui leur permette d’assurer la sécurité de la région, depuis les frontières du sud de la Russie en passant par les régions proches de l’océan Indien. Ça, c’est un besoin stratégique qui persistera ».
L’analyste iranien s’est ensuite attardé sur les trois sujets sur lesquels se focalise la Russie dans le dossier syrien : assurer la survie du système politique syrien, neutraliser les plans anti-syriens des États-Unis et empêcher l’intensification du conflit.
« Si vous vous demandez comment et dans quelle mesure la Russie se permet à passer à l’acte en Syrie pour contrer les menaces de l’Occident, je dois vous dire que cela dépend du danger qu’encourent ces trois principes, ou du moins l’un d’entre eux », a-t-il expliqué.