À peine 9 mois après son élection, le président français Emmanuel Macron a engagé son pays dans l'une des plus complexes guerres du 21ème siècle, alors que rien ne plaide en faveur d'une implication directe de la France. Sur fond de réformes largement impopulaires et alors que les mouvements sociaux se multiplient en France touchant tous les secteurs privés et publics, le président français, chef des Forces armées, décide d'intervenir militairement en Syrie, quitte à placer le pays face à l'État syrien, mais aussi à ses alliés russe et iranien. La France est-elle sur le point de devenir l'acteur d'une aventure sans lendemain.
L'analyste iranien, Mahdi Mohamadi commente cette intervention française :
" Il y a trois semaines le gouvernement français avait annoncé le déploiement de ses forces spéciales dans la ville de Manbij, franchissant un pas en avant dans le sens d'une confrontation directe avec l'armée syrienne et ses alliés. L'annoncé avait provoqué l'ire de la Turquie qui poursuit son oeuvre d'expansion territoriale dans le nord est de la Syrie. Mais personne n'était dupe : membres de l'Otan, la France et la Turquie jouaient à vrai dire à un jeu bien calculé. Il s'agissait d'occuper le nord est de la Syrie sous faux prétexte tour à tour de combattre le "terrorisme kurde" et de "soutenir les velléités souverainistes des kurdes". Au sein de l'armée française où plus d'une voix proteste l'alignement total de la France de Macron sur la politique militariste US, on se rappelle de la démission de l'ancien chef d'état-major, le général De Villiers, qui a marqué le début d'une nouvelle ère pour la France : la fin de l'armée nationale, sa mutation en une armée à la solde".
Samedi matin, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et la ministre des Armées Florence Parly se sont exprimés depuis l'Elysée sur ce qui constitue le début de l'engagement militaire direct de la France en Syrie : "L'opération militaire menée par les États-Unis, le Royaume Uni et la France est légitime et proportionnée et ciblée", a déclaré Jean-Yves Le Drian sans expliquer comment une attaque militaire qui n'a pas été votée par le Conseil de sécurité et qui s'est heurtée de plein fouet à l'opposition de la Russie et de l'Allemagne pourrait s'avérer légitime.
Pour le reste, le secrétaire américain à la Défense a annoncé la fin prématurée de cette attaque en affirmant :
« Nous n’avons aucun plan pour lancer de nouvelles frappes aériennes et la décision revient au président Trump. Nous avons choisi les cibles qui vont réduire les risques pour les civils. »
Pourtant les premiers bilans de l'attaque aux missiles US/France/GB font état de trois blessés à Homs où un centre de recherche a été pris pour cible des missiles britanniques tirés à partir d'un groupe de quatre avions de combat. Mattis a prétendu qu’il s’agissait de frappes ponctuelles.
À vrai dire, la vraie guerre ne vient que de commencer : les Américains, la France et la Grande-Bretagne dont les dirigeants ont agi au mépris même de la Constitution de leur pays respectif en contournant tout débat parlementaire sur le sujet, attendent la riposte du camp d'en face. C'est de son ampleur que dépendra la prochaine manche.