Les inquiétudes israéliennes au sujet de la Marche du grand retour dans la bande de Gaza sont fondées puisqu'elle a renforcé l'unité des Palestiniens, quitte à dissiper les différends inter-palestiniens sans compter que ce grand rassemblement a bien miné ce fameux "accord du siècle". La normalisation avec les Arabes n'est pas pour demain.
Plusieurs semaines avant le début de la Marche du grand retour, le régime israélien craignant que ce rassemblement puisse s'étendre jusqu’aux frontières de la bande de Gaza avec les territoires occupés en 1948, s’est lancé dans une vaste campagne, à l’aide de tous ses appareils sécuritaires, politiques et médiatiques, contre la tenue de ce rassemblement palestinien, prévoyant d'entreprendre de sévères démarches pour contrer la Marche.
Certes, Israël n’a pas pu empêcher la tenue de ce grand rassemblement, mais il a procédé à une répression sauvage des manifestants. Des chars et chasseurs de l’armée israélienne avec des milliers de militaires et de snipers ont affronté des dizaines de milliers de Palestiniens, rassemblés, le vendredi 30 mars, dans cinq régions frontalières de la bande de Gaza. 18 personnes ont été tuées et environ 1.500 autres blessées. L’analyste arabe Adel Shadid s’est, ainsi, penché sur le sujet dans un article publié par le site al-Araby al-Jadeed (The new Arab) .
"Tous les efforts d’Israël pour contrer la participation des Palestiniens à ce rassemblement ont échoué bien qu’il n’avait lésiné sur aucun levier de pression et de menace pour dissuader les habitants de Gaza et le mouvement Hamas d'organiser la manifestation. Le ministre israélien du Logement, Yoav Galant avait même menacé d’assassinat, le chef du Hamas Yahya Sinouar. Sinouar a toutefois participé avec toute sa famille, à la Marche."
Le régime israélien a prévu des sanctions pénales et menacé de faire annuler les permis de travail des employés d'entreprises de transport qui déplaceraient les manifestants. Parmi les autres mesures d’intimidation, le régime a fait recours à la guerre cybernétique. Les services de sécurité cybernétique israéliens ont piraté les comptes des milliers de Palestiniens sur les réseaux de Facebook et Twitter pour y diffuser de fausses informations et communiqués informant des changements des lieux de rassemblement. Ils voulaient ainsi contrer la participation à la Marche. Le régime israélien est allé plus loin en envoyant des centaines de milliers de messages via des portables aux habitants de Gaza les menaçant de mort s’ils participaient au rassemblement.
Or, la grande Marche a eu lieu au grand dam d’Israël. Le rassemblement s’étendait du désert de Néguev jusqu’à al-Mothalath, al-Jalil et la Cisjordanie. Israël a toujours essayé d’empêcher des rassemblements élargis et simultanés des Palestiniens. L’échec de la politique de division de Tel-Aviv a prouvé que l’ère d’absence de « travail collectif ordonné », habituelle, ces dernières années, chez les Palestiniens, est révolue en faveur d’une nouvelle étape de « combat national » qui obligerait les Israéliens à payer lourd leur occupation et leur colonisation", conclut l’analyste.
La réalité est que la Marche du grand retour a sapé d’une part l’accord du siècle et de l’autre le plan de normalisation avec certains États arabes.