L'avertissement du ministère russe de la Défense concernant le droit de Moscou à répondre à une attaque américaine contre Damas vient appuyer le danger d’un affrontement direct entre les deux pays en Syrie. Mais les experts écartent une telle prise de risque de la part des États-Unis.
Selon le journal Nezavisimaya Gazeta, Washington prévoit de lancer une attaque avec des missiles et des bombes contre les quartiers gouvernementaux de Damas et la Ghouta orientale. Le chef d’État-major des Forces armées russes, le général Valery Guerasimov a souligné que des officiers de l’armée russe sont présents à Damas dans les installations du ministère de la Défense de Syrie.
« Dans le même temps, des conseillers militaires russes, des membres du Centre russe de réconciliation pour les camps en conflit et des policiers militaires séjournent dans les locaux du ministère de la Défense à Damas. En cas de menace pour la vie de nos militaires, les forces armées russes prendront des mesures de représailles à la fois contre les missiles et les moyens militaires qui les tireront », a-t-il indiqué.
Les experts estiment que les Américains ne se risqueront pas à frapper une région où se trouvent les troupes russes par crainte de provoquer Moscou.
Selon le général Gerassimov, la Russie dispose de faits concrets concernant les préparatifs de la mise en scène de l’usage d’armes chimiques contre les civils par les forces gouvernementales. Après les provocations, les États-Unis projettent d'accuser les forces gouvernementales syriennes d'utiliser des armes chimiques. Il a ajouté que les États-Unis ont l'intention de « fournir la soi-disant "preuve" présumée de morts de masse de civils, incombant au gouvernement syrien et aux dirigeants russes qui le soutiennent », rapporte l’agence de presse Tass.
Lavrov met en garde contre les lourdes conséquences d'un scénario militaire contre Damas
Lundi, lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur l'application de la résolution 2401 concernant le cessez-le-feu en Syrie, Nikki Haley, la représentante permanente des États-Unis, a accusé les gouvernements syrien et russe de ne pas respecter la résolution. Elle a menacé que si les actions militaires des forces gouvernementales syriennes dans la périphérie de Damas ne s’arrêtaient pas, une nouvelle action militaire américaine contre Bachar al-Assad serait envisageable.
Pour sa part, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a également averti mardi devant les journalistes les États-Unis des conséquences de leur nouveau scénario militaire. « Dans le cas échéant, les conséquences seront lourdes et dangereuses », a-t-il souligné.
Les États-Unis ont peu de chances d'attaquer une zone où sont déployées les troupes russes
Les observateurs russes estiment qu’en cas d’une attaque des États-Unis, il se pourrait que l’armée américaine recoure une nouvelle fois aux missiles Tomahawk.
« Les Américains ne mèneront certainement pas de frappes aériennes, mais utiliseront leurs missiles Tomahawk, a déclaré Kirill Simonov, directeur du centre de recherche islamique de l'Institut d’État des relations internationales de Moscou. Le problème est que depuis la Méditerranée, la Russie a peu de chances de pouvoir faire quoi que ce soit pour empêcher cela et n’a pas le pouvoir nécessaire de contrecarrer une offensive contre Damas. »
Les déclarations du général Guerassimov vont également dans le sens d'une action unilatérale des États-Unis. Si les États-Unis décidaient vraiment de frapper la Syrie, ils cibleraient une zone sans porter atteinte aux troupes militaires russes, comme cela s’est passé lors de l’attaque sur la base aérienne de Shayrat, a souligné l’expert.