Les forces militaires américaines sont toujours présentes sur le sol irakien, malgré l’annonce de la défaite de Daech en Irak. Cela signifie que l’objectif principal de Washington n’est pas le combat contre le terrorisme, mais le maintien de son influence en Irak.
Sur le plan militaire, les États-Unis cherchent à affaiblir les Unités de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi) et à réduire son influence dans diverses zones du territoire irakien.
Dans un article rédigé pour le quotidien libanais Al-Akhbar, le journaliste Mohammed Shafiq a examiné les vraies raisons de la présence des militaires américains en Irak malgré l’annonce officielle de la fin de Daech dans ce pays.
Mohammed Shafiq a écrit : « Alors que les Irakiens se préparent pour la tenue des élections législatives du 12 mai 2018, et tandis que les débats politiques portent essentiellement sur la loi du budget annuel de 2018 et les relations entre le gouvernement central de Bagdad et la région autonome du Kurdistan irakien, les États-Unis insistent à maintenir à tout prix sa présence militaire en Irak, en dépit de la farouche opposition de certains groupes faisant partie des Hachd al-Chaabi, qui n’hésitent même pas à parfois menacer directement les Américains s’ils venaient à décider de rester longtemps sur le sol irakien. »
Mais les Hachd al-Chaabi ne sont pas les seuls qui protestent contre la décision de Washington de maintenir ses militaires en Irak. Le Parlement irakien a adressé à plusieurs reprises des lettres de protestation au gouvernement américain et a demandé que Washington retire ses soldats d’Irak. Mohammed Shafiq souligne que dans un proche avenir, les députés issus de la branche politique des Hachd al-Chaabi entreront au Parlement irakien. En outre, le Premier ministre irakien Haïder al-Abadi se présentera bientôt devant le Parlement pour donner des explications sur la présence des militaires américains. Al-Abadi insiste à dire que les forces armées irakiennes auront besoin de la couverture aérienne que les forces de la coalition internationale menée par les États-Unis leur offrent, mais il apparaît qu’il aura du mal à justifier la présence des forces terrestres américaines dans son pays.
Dans le même temps, les médias américains ont fait état, il y a quelques jours, du début d’un processus qui doit réduire progressivement le nombre des militaires américains en Irak, avant leur retrait définitif, sans qu’un calendrier précis ait été proposé. Après la diffusion de ces informations, le gouvernement irakien a exprimé sa satisfaction, mais le Pentagone a vite démenti la nouvelle.
Le porte-parole du Pentagone, Eric Pahon, a déclaré, lors d’une interview télévisée, que Washington n’avait pas l’intention de retirer ses militaires d’Irak et que les 5 200 soldats présents dans ce pays y ont été déployés avec l’aval du gouvernement irakien.
Pourtant Eric Pahon n’a donné aucune information sur le déploiement secret de certaines unités militaires américaines dans des zones sensibles du pays. Quant au retrait des soldats américains d’Irak, il a répondu que le nombre des militaires US en Irak serait augmenté ou diminué selon la situation générale du pays et de la région.
Le journaliste du quotidien Al-Akhbar a ajouté : « Vraisemblablement, le Pentagone n’a jamais annoncé officiellement le nombre exact de ses soldats en Irak. Selon certains groupes membres des Hachd al-Chaabi, les soldats américains qui sont stationnés en Irak sont beaucoup plus nombreux que les estimations les plus fréquentes et ils disposent de plusieurs bases sur le territoire irakien. D’après le secrétaire général du mouvement Asaïb Ahl al-Haq, Qais al-Khaz’ali, plus de 7 500 militaires américains sont présents dans dix bases dispersées dans le pays. »
Selon le porte-parole des Kataeb Hezbollah, Mohammad Yahya, cinq bases des militaires américains se trouvent dans la région autonome du Kurdistan irakien, et les États-Unis ont l’intention d’y créer une autre base.
Ces derniers jours, les Kataeb Hezbollah, membres des Hachd al-Chaabi, ont menacé directement Washington. Le mouvement a annoncé que si les États-Unis et le gouvernement irakien insistaient sur le maintien de la présence des militaires US en Irak, les forces de la Résistance irakienne considéreraient désormais les militaires américains comme « force occupante » et réagiraient à leur présence sur le territoire irakien.
Mohammed Shafiq souligne que les partis et les groupes politiques irakiens qui ont accepté contre leur gré la tenue des élections législatives à la date prévue (12 mai 2018), essaient maintenant de corréler la tenue des élections et la présence des militaires américains en Irak. Certains de ces groupes vont plus loin et insistent pour que, afin d’empêcher ce qu’ils appellent des « fraudes électorales », les forces américaines soient déployées dans les zones à majorité sunnites en remplaçant la police fédérale et les Hachd al-Chaabi, de sorte à assurer la sécurité des élections et à ne pas permettre aux forces chiites d’exercer des pressions sur les populations sunnites.
Le journaliste du journal Al-Akhbar cite une source proche de la « Coalition des forces irakiennes », le plus grand bloc politique sunnite au sein du Parlement, selon laquelle cette coalition aurait décidé de formuler cette demande et d’exiger du gouvernement de Bagdad d’autoriser le maintien de la présence des forces américaines en Irak, notamment dans les zones à majorité sunnite. D’après cette source, la « Coalition des forces irakiennes » souhaiterait que les militaires américains créent une base près de la frontière avec la République islamique d’Iran.
Selon Mohammed Chafiq, le Pentagone préfère pour le moment d’installer ses militaires dans les zones où se trouvent déjà les forces des Hachd al-Chaabi. C’est selon cette logique que les Américains ont créé une base militaire à al-Qayyarah pour empêcher l’avancée des Hachd al-Chaabi vers la province de Salaheddin et al-Hawija (province de Kirkouk). Une autre base a été créée par le Pentagone près de Tal Afar (province de Ninive). Là-bas, le but des forces américaines est d’empêcher les Hachd al-Chaabi d’avancer vers Sinjar ou la frontière entre l’Irak et la Syrie.