Depuis Afrin où elle mène depuis plus de 16 jours une vaste offensive militaire, la Turquie a tenté de tendre la perche aux terroristes retranchés à Idlib que l'action de l'armée syrienne et de ses alliés acculent de plus en plus.
Le plan d'Ankara consistait à contrer à vrai dire Damas et l'axe de la Résistance. Mais les choses semblent ne pas aller dans le sens souhaité par le président turc, Washington ayant décidé de jouer le trouble-fête, de lancer de sévères mises en garde contre la Turquie, arguant que l'action militaire turque perturbe la "lutte contre Daech".
17 jours après avoir déclenché l'opération Rameau d'Olivier, où en est la Turquie ?
Daech occupe toujours quelques localités dans la banlieue sud-est de Deir ez-Zor, sur les frontières avec l'Irak. Il s'agit d'une région de 100 kilomètres de longueur où les daechistes et les Kurdes soutenus par Washington coexistent sans réellement avoir l'envie ni l'intention de guerroyer.
Les Américains ont fait de cette zone une base de facto où ils activent, suivant leur besoin, tantôt les Kurdes tantôt les daechistes.
En effet, la victoire quasi totale de l'armée syrienne, du Hezbollah et de la Russie sur Daech et son annonce officielle, il y a un mois, ne laissait aucun prétexte à Washington pour poursuivre l'occupation du sud-ouest syrien. Que les terroristes de Daech plus ou moins protégés par les Kurdes restent à Deir ez-Zor, cela contribuera à justifier le maintien de la présence illégale des USA en Syrie.
Ce fut dans ce contexte que la Turquie a lancé hâtivement son offensive militaire contre le nord de la Syrie sans trop comprendre qu'elle est sur le point de jouer avec le feu. Membre actif de l'Otan, Ankara n'a jamais perdu une seule occasion pour servir la cause américaine: en effet, Washington a l'intention de créer une zone tampon dans le nord syrien sur les frontières turques, d'une profondeur de 30 kilomètres et ce, dans le strict objectif d'amputer l'État syrien des régions d'Afrin et de Manbij. La Turquie aurait dû accélérer la mise sur place de cette zone tampon mais sans trop de précipitation.
Pourquoi alors agir avec hâte et au risque de froisser les Américains ?
La fulgurante avancée de l'armée syrienne et de la Résistance, secondées par l'aviation russe à Idlib où les terroristes pro-Ankara sont désormais encerclés, a poussé la Turquie à bousculer les choses. Mais a-t-elle fait le bon choix ? Pas vraiment, à en juger les réalités sur le terrain.
Alors que depuis la libération de l'aéroport militaire d'Abou al-Dohour, les forces alliées ont mis les bouchées doubles pour reprendre le contrôle de la quasi totalité des localités d'Idlib, l'intervention turque a favorisé le terrain à cette avancée.
Lâchés par les Américains et les Russes, les Kurdes, pris en tenaille, se sont tournés vers l'armée syrienne et ont appelé à ce que l'État syrien vienne à leur secours. Cette inversion des rôles a fortement déplu aux Américains qui en veulent désormais à Erdogan d'avoir facilité la tache à Assad et à ses alliés.
De surcroît, l'armée turque et l'ASL qui l'aide dans cette nouvelle aventure ont du mal à avancer dans la région montagneuse d'Afrin face aux forces kurdes et l'armée syrienne qui leur achemine armes et équipements.
Deuxième grave erreur d'Ankara ?
À défaut d'une avancée qui ne se produit pas, l'armée turque a changé de direction et d'objectif. Les chars turcs se sont dirigés vers la banlieue sud d'Alep, là où les forces de la Résistance maintiennent leurs positions. Cette démarche s'est heurtée aussitôt à la violente riposte de l'armée syrienne et de la Résistance que l'aviation russe a soutenue en bombardant la ligne de front turque.
Vidéo 2: Un convoi militaire turc s'approche des positions de la Resistance dans le sud d'Alep
Vidéo 1: les frappes russes juste avant l'assaut d'un convoi militaire turc contre le sud d'Alep
Dans la foulée, la Turquie s'est vue dans l'obligation de rebrousser chemin. Mais jusqu'où compte aller Erdogan ? L'opération Rameau d'olivier, déclenchée avec le feu vert implicite des Américains, a été à l'origine d'une manœuvre militaire conjointe USA/Turquie. Elle était destinée à matérialiser l'idée de la "zone no-fly" évoquée dès 2013 par Ankara et que les Américains chérissent désormais pour pouvoir y ériger une base militaire permanente. Or, le plan est partiellement tombé à l'eau car:
- Plus de 100 villages dans la banlieue sud-est d'Idlib et celle du sud-ouest d'Alep ont été repris par l'armée syrienne.
- En dépit de quelques vicissitudes, les pourparlers de Sotchi ont eu lieu et on parle déjà d'un Sotchi 2.
- Le clash entre la Turquie et l'armée syrienne n'est plus à écarter.