Un responsable du ministère irakien de la Défense a déclaré qu’aucun contact n’avait été pris avec Bagdad pour obtenir l’autorisation du déploiement des forces kurdes à la frontière syrienne, lequel est appelé de leurs vœux par les États-Unis.
« Il n’y a eu aucune coordination de la part de la coalition internationale prétendument anti-Daech avec le ministère irakien de la Défense pour que ces forces nouvellement formées soient autorisées par Bagdad à se déployer le long de la frontière syrienne », a déclaré ce jeudi 18 janvier le chef du service des relations publiques du ministère irakien de la Défense, le brigadier général Tahsin al-Khafadji, dans une interview accordée à l’agence de presse Sputnik.
« Nous la prendrions en considération si nous étions sollicités pour la mise en place concrète d’une telle action », a-t-il souligné, avant de qualifier de bonnes les relations qu’a entretenues son pays avec la coalition internationale notamment dans la lutte anti-Daech, surtout si l’on tient compte de la formation et du matériel que cette coalition a fournis aux forces irakiennes durant la période post-Daech.
Washington a tout récemment rendu public son programme de création d’une force armée kurde de 30 000 hommes dans le nord-est de la Syrie pour protéger les Forces démocratiques syriennes dans ce pays.
Toujours dans la même veine, la moitié de ces troupes seraient choisies parmi les Forces démocratiques syriennes, dont la plupart sont des Kurdes, et elles seraient stationnées le long des frontières de la Syrie, avec la Turquie au nord et l’Irak à l’est.
Le Parti démocratique syrien disposerait de 30 000 combattants, dont 25 000 sont des miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), affirment certains rapports.
À l’exception des déclarations de ce responsable du ministère de la Défense rapportées par Sputnik, le gouvernement irakien n’a pas encore réagi officiellement à cet égard.
La Syrie et la Turquie se sont fortement opposées au plan américain, mais même la Russie n’a pas manqué de le critiquer fortement.
Selon le gouvernement turc, les forces kurdes faisant partie de ces troupes nouvellement créées par les USA ne sont que des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan de Turquie (PKK) dans le nord de la Syrie. Le gouvernement turc a placé ce groupe armé sur sa liste noire.
Le 14 janvier, la coalition dirigée par les États-Unis a annoncé qu’elle travaillait avec les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les États-Unis, pour former une force de sécurité aux frontières (BSF) qui contrôlera la frontière syrienne avec la Turquie et l’Irak. Les BSF seront directement commandées par les FDS et compteront plus de 30 000 combattants, selon la coalition dirigée par les États-Unis.
Selon les analystes, ce programme n’a rien de nouveau : Il fait suite à ceux ayant servi à créer des dizaines de groupes armés terroristes en Syrie, dont l’Armée syrienne libre (ASL), Daech, le Front al-Nosra, les Forces démocratiques syriennes, l’Instance de libération du Levant, l’Armée des conquérants, l’Armée de l’islam, les Lions turkmènes, les Soldats du Caucase, la Nouvelle Armée de Syrie, la Légion du Levant, les Forces révolutionnaires, les Unités de protection du peuple (YPG), l’Armée libre d’Idlib, les Brigades de l’Euphrate, l’Épée de Dieu, etc. Et la liste est loin d’être exhaustive.
Ce qui est nouveau par contre, c’est la réaction de la Turquie. Le président Erdogan a promis de « détruire » cette force kurde pro-américaine qu’il a qualifiée de terroriste.