TV

Libération d’Abou Kamal : un coup dur pour Riyad

La libération d’Abou Kamal par l’armée syrienne et ses alliés. ©Tasnim

L’annonce de la reprise d’Abou Kamal par l’armée syrienne et ses alliés a eu l’effet d’un coup de tonnerre. La première victime ? La réunion ministérielle de la Ligue arabe au Caire. 

Dans un article signé Nasseir Ghandil, le journal Al-Binaa revient sur la déclaration anti-iranienne et anti-Hezbollah de la réunion ministérielle de la Ligue arabe, une réunion « hantée par Abou Kamal et Soleimani ». Pour l’analyste, le texte, rien que par son contenu, reflète une nouvelle défaite du camp saoudo-américain face au camp de la Résistance.

« D’aucuns voient dans le texte les prémices d’une guerre à venir. Ce sont ceux qui ignorent les règles les plus élémentaires de la politique. Car tout compte fait, la déclaration, truffée d’accusations anti-Hezbollah et anti-Iran, ne contient rien de concret qui puisse se traduire en actes. En effet, la version finale du texte aurait omis trois phrases-clés :

1. Sur fond de ce qui précède, les pays arabes ont décidé d’une rupture de leurs liens diplomatiques avec l’Iran.

2. La Ligue arabe renverra sa plainte contre l’Iran auprès du Conseil de sécurité, exigeant que cette instance taxe l’Iran de soutien au terrorisme et qu’elle inscrive le Hezbollah sur sa liste noire.

3. La Ligue arabe exclut le Liban et elle ne reviendra pas sur sa décision tant que le Hezbollah participera au gouvernement libanais et s’ingérera dans les affaires intérieures d’autres pays arabes.

Ce fut en réalité pour ces trois phrases que Riyad a convoqué à grand fracas le sommet arabe, quitte à provoquer un coup d’éclat sans précédent contre l’Iran. Suprême déveine, le sommet coïncida avec la libération d’Abou Kamal. Le dernier fief de Daech, situé sur les frontières avec l’Irak, a été repris le même jour par l’armée syrienne au terme d’une opération pilotée par le commandant Soleimani. »

Et l’article d’ajouter :

« À l’annonce de la nouvelle, Riyad a été pris d’assaut par les capitales occidentales, qui lui intimaient l’ordre d’éviter toute escalade avec l’Iran.

Car il est vrai qu’en Syrie, le jeu est bel et bien terminé : l’Europe s’apprête à reprendre ses liens avec Damas tout en continuant de s’estimer liée par l’accord nucléaire, à la pérennité duquel elle travaille en dépit d’une rhétorique peu aimable à l’égard de Téhéran.

Côté américain, même son de cloche : la reprise d’Abou Kamal a pris de court Washington qui, bien que déterminé à se servir des Arabes comme d’un levier de pression, a dû réviser sa copie anti-iranienne.

Encore une fois donc, le monde arabe a montré à quel point il est déconnecté de la réalité et combien son donquichottisme primaire, qui le pousse à dilapider sans cesse son prestige et son argent, lui est fatal.

À Abou Kamal, les Américains avaient chargé leurs amis arabes d’une mission tactique : empêcher l’arrivée de l’armée syrienne et de ses alliés par Kurdes interposés. Or la mission a lamentablement échoué quand Soleimani et son armée ont débarqué dans la ville, confirmant ainsi l’emprise de l’axe de la Résistance sur la frontière irako-syrienne. Dans l’affaire qatarie, l’entente US/Russie sur le partage du marché gazier en Europe a provoqué le lâchage de Riyad par Washington, tout comme à Abou Kamal, où l’Amérique a abandonné Riyad seul face à Soleimani. »

Une question se pose dès lors : Riyad n’en a-t-il pas assez de ses politiques stériles et contre-productives ? Sinon, qu’il se prépare à une nouvelle déculottée au Liban autour de l’affaire Hariri.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV