Le journal libanais Al Akhbar affirme que Paris et le Caire chercheraient à ce que Saad Hariri revienne sur sa démission. Les deux parties voudraient aussi convaincre l'Arabie saoudite que le moment n'est guère opportun pour se livrer à un règlement de comptes avec l'Iran, au Liban.
Le journal se réfère à des sources diplomatiques qui confirment "les efforts franco-égyptiens" destinés à "maintenir Hariri à son poste" et à "neutraliser" le coup anti-libanais de Riyad.
"Des rencontres et de longues discussions auraient eu lieu à Chypre entre Français et Égyptiens. La France insiste pour que Hariri puisse rester à la tête du gouvernement libanais alors que ce dernier est attendu ce mercredi au Caire. Et le Caire a promis de soutenir la position française", écrit le journal.
Riyad a convoqué le PM libanais il y a plus de 15 jours pour le contraindre à présenter sa démission, tout en accusant le Hezbollah d'être "l'agent iranien". La Résistance a dénoncé un coup prémédité de l'Arabie saoudite visant à plonger le Liban dans une crise politique, au terme d'une longue période de "cohabitation réussite" qui a abouti surtout à "la défaite des terroristes de Daech au Liban".
Selon Al Akhbar, l'Égypte tenterait de son côté de convaincre Riyad de renoncer à ses exigences illégitimes au Liban et à se faire à l'idée que dans l'état actuel des choses, "les pays arabes devraient soutenir le gouvernement de Saad Hariri".
Et Hariri dans tout cela ? Al Akhbar évoque deux hypothèses: l'entourage de Hariri donne deux versions différentes: selon certains, il a l'intention de préserver son poste. Pour d'autres, il est surtout enclin à démissionner et à chercher à imposer "ses conditions" (celles dictées par Riyad, NDLR) au nouveau gouvernement qui devrait voir le jour par la suite. Mais il existe une troisième version: d'après d'autres sources, Hariri participera à la fête de l'indépendance mercredi avant de s'entretenir avec le président Michel Aoun mais la rencontre ne déboucherait sur aucune décision concrète. Au contraire, les discussions ouvriraient la voie d'un règlement.
Le secrétaire général du Hezbollah a affirmé lundi soir au terme d'un discours que la Résistance était bien ouverte au dialogue et qu'elle n'avait aucune condition à ce que les pourparlers soient ouverts avec le Premier ministre. En effet, le Hezbollah voudrait avant tout "le retour de Hariri" à Beyrouth, "quelle que soit la position de celui-ci". Ensuite, la Résistance refusera de se prononcer, la position de Hariri rendue publique, puisque "c'est au président Aoun que revient le dernier mot", suivant la Constitution libanaise. En troisième lieu, le Hezbollah ne renoncera à aucun prix à ses positions au Liban et dans la région. Il ne vise aucun partie, mais ne restera pas les bras croisés si on l'attaque. La Résistance libanaise est favorable au maintien du gouvernement actuel et veut que Saad Hariri en soit le Premier ministre. Car le Hezbollah est contre un gouvernement de technocrate qui éviterait de faire de la "politique". La Résistance ne s'est jamais battu pour avoir des sièges au sein des gouvernements. Cependant, il est hors de question qu'il se laisse marginalisé sur la scène politique.
Mais Hariri va-t-il finir par tenir tête aux pressions saoudiennes et par faire passer avant tout les intérêts nationaux libanais ? La réponse reste ouverte dans la mesure où les deux enfants de Hariri restent "détenus" à Riyad.