Des sources françaises font part des tentatives de Paris d'aider l’Arabie saoudite à résoudre le dossier de la détention de Saad Hariri avant que l’affaire ne soit transférée au Conseil de sécurité des Nations unies. Elles parlent d’un scénario consistant à transférer Saad Hariri à Paris pour le contraindre à démentir sa détention à Riyad.
Saad Hariri a démissionné samedi dernier de son poste de Premier ministre du Liban depuis Riyad, capitale saoudienne. Tout porte à croire qu’il a démissionné sous la pression des autorités saoudiennes. Dans ce droit fil, le président libanais Michel Aoun donne une semaine à l’Arabie saoudite pour libérer Saad Hariri.
M. Aoun a dit à des ambassadeurs étrangers en poste à Beyrouth qu’il n’attendrait pas plus d’une semaine concernant le sort de Saad Hariri et que si le Premier ministre démissionnaire n’était pas rentré dans le pays d’ici là, il protesterait contre l’Arabie saoudite auprès du Conseil de sécurité, ajoutant que la communauté internationale était également prête à l’aider sur le sujet.
Le point qu’il mérite réflexion est que Michel Aoun a tenu ces propos suite au retour à Beyrouth du général Abbas Ibrahim, directeur général de la sécurité publique libanaise et ses rencontres avec les autorités françaises à leur tête Bernard Bajolet directeur général de la sécurité extérieure, étant de 2004 à 2007 ambassadeur de Paris à Beyrouth et considéré comme expert des questions libanaises. La visite du général Ibrahim à Paris a dissipé les doutes sur l’arrestation de Saad Hariri à Riyad.
« La France cherche à aider l’Arabie saoudite à trouver une solution à l’affaire de la détention de Hariri et à présent, ce dossier inquiète beaucoup la direction générale de la sécurité extérieure française dirigée par Bernard Bajolet », a écrit le journal Rai al-youm.
À en croire les sources françaises, l’ambassadeur de France à Riyad François Gouyette a eu une brève rencontre avec Saad Hariri qui était entouré d'officiels saoudiens pour cet entretien, ce qui est étonnant ; car les négociations concernant le Liban et la France devaient se tenir entre les représentants de ces deux pays, non pas en présence des autorités saoudiennes.
Rai al-Youm écrit que tous sont unanimes sur le fait que l’Arabie saoudite ne saisit pas le danger de l’envoi du dossier de la détention de Saad Hariri au Conseil de sécurité, et ne se rend pas compte que ses amis et alliés ne viendront plus à son aide. Car l’arrestation d’un haut responsable étranger est une ligne rouge qu’aucun pays n’ose violer et qui peut faire l’objet d’une vive condamnation internationale.
Paris suit avec une grande attention cette affaire. Il propose de transférer le Premier ministre démissionnaire libanais à Paris pour un séjour provisoire sous le prétexte que sa vie est en danger. Ainsi, les allégations avancées par Riyad sur les causes de la démission de Hariri ne seront pas mises en cause, après quoi l’on décidera du transfert de Hariri à Beyrouth ou de son séjour à Paris.
Les sources françaises affirment qu’il semblerait que l’Arabie saoudite ait donné son accord de principe pour proposition, à condition que Saad Hariri garde le silence et démente sa détention en Arabie saoudite.