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Les Kurdes de Syrie bientôt sacrifiés par les USA

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les combattants de l’Unité de protection du peuple kurde (YPG), aux côté des forces américaines, près de la frontière turque en Syrie, le 29 avril 2017.© AFP

Alors que le monde entier a les yeux rivés vers le Liban et l’Arabie saoudite, où les caprices et la gabegie d’un jeune prince (Mohammed ben Salmane) ont provoqué un séisme avec, en toile de fond, un état de pré-chaos au Liban et une véritable « Nuit de cristal » en Arabie saoudite, à quelques kilomètres de la capitale Riyad, une ultime bataille est sur le point de se dérouler. L’avenir du Moyen-Orient ne dépend ni du sort de Hariri, qui sera tôt ou tard remplacé, ni de la purge royale saoudienne, mais d’Abou Kamal, cette ville que se disputent âprement les Américains d’une part et l’armée syrienne et ses alliés de l’autre. 

Une dernière information en provenance de Deir ez-Zor a fait état lundi d’une nouvelle percée des forces syriennes et du Hezbollah en direction d’Abou Kamal, ville qui n’est désormais plus qu’à quelque 30 kilomètres des positions gouvernementales. De l’autre côté de la frontière, al-Qaïm a fini par tomber sous le contrôle des Hachd al-Chaabi et des informations officieuses font part de « l’infiltration » des Hachd depuis l’Irak voisin dans la périphérie d’Abou Kamal. Le plan « Hariri », orchestré depuis Washington et Riyad, est surtout destiné à camoufler ce dernier épisode avant la grande victoire.

Mais lequel des deux parviendra à reprendre le premier le contrôle d’Abou Kamal, le contingent kurde des USA ou l’axe de la Résistance ?

Les experts évoquent sept raisons « géographiques » et « géostratégiques » qui devraient empêcher les États-Unis de concrétiser leur plan visant à occuper Abou Kamal par l’intermédiaire des Kurdes.

1. Les forces irakiennes s’empareront dans un très proche avenir de la localité frontalière d’al-Qaim, située sur la bande frontalière occidentale avec la Syrie, et ce n’est pas leur composante pro-Résistance, à savoir les Hachd al-Chaabi, qui permettra aux Américains de s’emparer d’Abou Kamal.

2. L’armée syrienne et le Hezbollah ne cessent de multiplier les succès à Deir ez-Zor, en progressant vers les frontières orientales du pays avec l’Irak. Pris entre deux feux, les alliés des Américains, les FDS, ne pourront pas résister très longtemps à ces deux « forces » quand bien même les avions US leur apporteraient un soutien appuyé depuis le ciel, soutien qui resterait, on le sait, de nature exclusivement aérienne.

3. Et puis, il y a le Nord et Nord-Ouest syrien que la Turquie surveille et contrôle partiellement. Et s’il y a un seul sujet sur lequel Damas et Ankara partagent le même point de vue, c’est la nécessité d’empêcher l’émergence d’un noyau séparatiste kurde.

4. De plus, les FDS ne pourront que compter sur l’appui à caractère exclusivement aérien des États-Unis, bien que celui-ci sera constant et durable. C’est loin d’être suffisant pour vaincre deux armées régulières que sont celles de la Syrie et de l’Irak.

5. Ensuite, entre en ligne de compte le facteur démographique. La communauté kurde de Syrie ne compte que 2 millions d’âmes et les guérilleros qui se battent sous la bannière des FDS ne dépassent pas en termes numériques un dixième de la population combinée de la Syrie, de la Turquie et de l’Irak. Si un nouveau front de combat s’ouvre pour les FDS, ces dernières seront impliquées dans des combats dans pas moins de trois cantons du nord de la Syrie, combats qui les opposeront à la fois à Daech, à l’armée syrienne, à l’armée irakienne et à l’armée turque. Personne ne doute des capacités de combat des FDS et de leur mérite sur le champ de bataille, mais une guerre qui couvrirait une zone d’une si vaste ampleur ne pourrait déboucher sur une victoire militaire des Kurdes.

6. Il est très probable que la présidence Trump jouera le même tour qu’il a joué à Barzani aux Kurdes de Syrie. Alors que le dirigeant kurde irakien prenait pour acquise sa victoire au terme du référendum non constitutionnel du 25 septembre, les Américains ont refusé de lui apporter leur soutien. Vu le bilan de près de 9 mois de présidence de Trump à la tête des USA, l’homme d’affaires, qui pense plutôt aux caisses vides des USA, ne prendra pas le risque de se mettre à dos l’Irak et la Turquie, en laissant aux FDS le contrôle des frontières irako-syriennes.

7. Quant aux Européens, qui emboîtent aveuglément le pas au « maître US », il est bien peu probable qu’ils veuillent agir de leur propre chef pour soutenir les FDS alors que la zone des opérations s’étend sur un vaste désert dans l’est de la Syrie et qu’il y a un risque d’extension des combats. On ne doute guère de l’objectif que les Américains poursuivent désormais au Moyen-Orient : le maximum de chaos pour faire le maximum de profits. Mais ni les Américains ni les Européens ne désirent voir une militarisation extrême du sud de la Turquie, et partant, un rapprochement incontrôlé Russie-Turquie qui s’ajouterait à l’alliance déjà solide entre l’Iran et la Russie. Les Kurdes de Syrie devront se mettre sous l’ombrelle protectrice de l’État syrien ou accepter de jouer le rôle de victime expiatoire des plans fous de Washington et de l’OTAN dans la région. La troisième voie, il n’en existe pas. Ils n’ont qu’à le demander à l’ex-président Barzani.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV