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Pourquoi al-Sabhan s’est-il rendu à Raqqa ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Samer al-Sabhan, ministre d’État chargé des affaire du golfe Persique (à gauche), s’entretient avec le fondateur du Courant patriotique libre, Michel Aoun, à Rabieh, le 28 octobre 2016. ©AFP

À Raqqa, le ministre saoudien en charge des affaires du golfe Persique a traité ses amis libanais de pleutres et de trouillards. 

Après des visites successives ayant eu lieu, en vain, à Beyrouth et à Riyad, les sources libanaises font part de la frustration des Saoudiens contre l’Alliance du 14-Mars. Au point que, lors de son voyage à l’improviste à Raqqa, accompagné de Brett McGurk, envoyé spécial de Washington auprès de la soi-disant coalition internationale contre Daech, le ministre d’État saoudien Thamer al-Sabhan n’a pas hésité à qualifier ses alliés libanais de « pleutres » et de « lâches ». Ils étaient en présence de Saleh Muslim, le président du Parti de l’union démocratique (PYD) ainsi que des commandants des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par Washington. Selon le journal Al-Diyar, les « injures proférées » par al-Sabhan contre les « alliés libanais de Riyad » ont été le point remarquable de ce voyage.

Mais pourquoi un émissaire saoudien à Raqqa ?

Riyad a voulu faire passer plusieurs messages : Riyad compte désormais sur les Kurdes de Syrie pour contrer ses adversaires, et ce, pour la simple raison que les Kurdes sont soutenus par les Américains. Mais le pari s’avère bien risqué. 

À Raqqa, al-Sabhan a traité les alliés libanais des Saoud de pleutres et de lâches, façon d’avouer en termes à peine voilés l’échec des plans saoudiens en vue de contrer le Hezbollah libanais. On se rappelle comment l’Alliance du 14-Mars a été incitée par le trône saoudien à mettre en pièce la Résistance, à la dépouiller de ses armes, voire à l’expulser. 

Or même les personnalités les plus anti-Hezbollah comme Samir Geagea, leader des Forces libanaises, et Samy Gemayel, chef des Phalanges libanaises (Kataëb), ont déçu Riyad. Geagea dit avoir clairement expliqué aux Saoudiens que l’élimination du Hezbollah et sa séparation de l’armée libanaise étaient impossibles.

Les Saoudiens semblent donc être convaincus que leurs alliés chrétiens ne sont pas en mesure de contrer le Hezbollah. D’autant plus que les prochaines élections parlementaires restent la préoccupation majeure de Gemayel et de Geagea et que c’est probablement ce souci et les considérations qu’il impose qui leur ont valu d’être traités de lâches.

Al-Sabhan, l’homme de tous les échecs

Thamer al-Sabhan n’a jamais eu trop de chance. L’échec de sa mission anti-Hezbollah au Liban s’ajoute à son bilan plus que mitigé en Irak, qui lui a valu d’être expulsé de pays alors qu’il était l’ambassadeur saoudien à Bagdad.

L’intelligentsia libanaise, qu’elle aime le Hezbollah ou pas, ne veut à aucun prix en découdre avec la Résistance pour la bonne et simple raison que la Résistance se trouve dans la période la plus faste de son histoire : allié de l’armée, il a vaincu Daech et promet de libérer le sol libanais de l’occupation israélienne. Même Saad Hariri, le Premier ministre libanais, allié de longue date de l’Arabie saoudite, a fini par comprendre cette réalité et préfère la coexistence avec le Hezbollah à la confrontation. Voilà pourquoi al-Sabhan est parti s’afficher à Raqqa aux côtés des amis kurdes de Washington. C’est une façon de rattraper le cuisant échec libanais de Riyad à Raqqa. Mais est-ce une bonne idée ?  

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SOURCE: FRENCH PRESS TV