À peine quelques heures après la rencontre jugée hautement importante entre le ministre russe de la Défense et le ministre israélien des Affaires militaires, rencontre à laquelle assistait tout le gotha du renseignement et de la sécurité israéliens, The Jerusalem Post a publié une information selon laquelle « la Russie aurait accepté l’extension du périmètre sécuritaire d’Israël dans le Sud syrien ».
Le journal se réfère à une « source diplomatique anonyme », citée elle-même par Asharq al-Awsat, pour affirmer qu’« à la suite des demandes incessantes de Tel-Aviv, la Russie a fini par accepter d’étendre la superficie de la zone de désescalade dans le sud de la Syrie », zone qui soit dit en passant inclut la province stratégique de Deraa et les monts du Qalamoun, où le Hezbollah maintient une large présence militaire aux côtés de l’armée syrienne.
The Jerusalem Post revient ensuite sur les doléances précédemment formulées par Israël auprès de la Russie, doléances qui appellent Moscou à « empêcher les forces pro-iraniennes d’approcher à moins de 40 kilomètres des frontières israéliennes ». Mais la question qui se pose est désormais celle-ci : qu’a donc fait Choïgou de cette requête israélienne ?
Bien que The Jerusalem Post crie victoire, la suite de l’article est loin de lui donner entièrement raison :
« Le ministre Choïgou aurait très clairement démenti l’argument israélien, en affirmant que ni le Hezbollah ni les conseillers militaires iraniens ne se trouvaient aux portes d’Israël. » Certaines sources évoqueraient même l’étonnement du général russe de constater que ses « homologues israéliens voient partout, aux quatre coins de la Syrie, le spectre de l’Iran ». Le général Choïgou aurait finalement concédé à « maintenir », selon les termes du Jerusalem Post, les « alliés irano-hezbollahis de Moscou à une distance de 10 à 15 kilomètres des frontières israéliennes ».
Mais entre 40 kilomètres et 15 kilomètres, il y a 25 kilomètres de distance, et il s’en faut de beaucoup pour qu’Israël puisse se dire satisfait des résultats de la rencontre Choïgou-Lieberman. Le journal russe Kommersant souligne de son côté que le ministre russe de la Défense a bien reconnu qu’aucune coopération militaire n’existait entre la Russie et le Hezbollah, mais qu’il était « en contact constant avec les commandants de la Résistance libanais » dans le cadre « des opérations antiterroristes ».
M. Choïgou a tout dit : les commandants du Hezbollah, dont les têtes ont été mises à prix, font partie du CENTCOM de l’axe Syrie-Russie-Hezbollah. Sans le Hezbollah, la lutte contre le terrorisme que mène depuis 2011 l’État syrien perdrait de son sens. Mais au cours de la rencontre à huis clos Choïgou-Lieberman, il y un autre sujet a très probablement été abordé par les deux parties : le tir des S-200 de la DCA syrienne sur des avions de chasse israéliens en mission d’espionnage dans le ciel libanais. La partie israélienne aurait sans doute fait part de son extrême inquiétude de voir Damas tirer en premier sur l’aviation israélienne… Aucune source n’a jusqu’ici révélé le contenu de la réponse de Choïgou, mais il est peu probable qu’elle fût celle qu’aurait aimé entendre Israël.