Il fallait plus de 13.000 morts civils au Yémen pour que les "crimes d'el-Bachir " au Darfour soient oubliés. Voilà chose faite et le président soudanais, le désormais allié indéfectible de Riyad et de Washington dans l'est de l'Afrique, pourrait dormir tranquillement sur ses lauriers.
Les États-Unis ont décidé, vendredi 6 octobre, de formellement renoncer à un embargo économique vieux de 20 ans contre le Soudan. Les sanctions économiques avaient déjà été levées de manière temporaire par l’ancien président Barack Obama avant son départ de la Maison Blanche.
« Les actions du gouvernement soudanais au cours des neuf derniers mois montrent qu’il prenne au sérieux la coopération avec les États-Unis », s’est félicitée la porte-parole du département d’État, Heather Nauert.
Dans un communiqué, le ministère soudanais des Affaires étrangères a salué cette annonce:
« Les dirigeants, le gouvernement et le peuple du Soudan saluent la décision positive prise par le président américain Donald Trump de lever complètement les sanctions économiques. »
En janvier, Barack Obama avait levé une partie des sanctions américaines contre le Soudan pour une période probatoire de six mois. En retour, Khartoum s’était engagé sur une feuille de route en « cinq points », parmi lesquels la fin du soutien aux groupes rebelles au Soudan du Sud, la fin des hostilités dans les provinces du Darfour, du Nil Bleu et du Kordofan du Sud, et une coopération avec le renseignement américain. Mais tout ceci n'est que sur le papier. Le grand virage pro-américain du Soudan s'est effectué en 2015 quand le pays a décidé de s'engager aux côtés du régime de Riyad pour tuer des civils.
Les États-Unis ont imposé des sanctions au Soudan en 1997 pour "son soutien à des groupes terroristes". Le fondateur d’al-Qaïda, Oussama Ben Laden, a vécu à Khartoum entre 1992 et 1996.
Avec Le Monde