Le ministre israélien des Affaires militaires l'a avoué : Assad a gagné ! L'éditorialiste du journal Raï al-Youm, Abdel Bari Atwan revient sur cet aveu et écrit :
" Nombreux sont ceux en Syrie qui tirent un malin plaisir en entendant Liberman, ennemi juré de la Syrie, reconnaître que la victoire est désormais du camp d'Assad. L'aveu a d'ailleurs été confié au site israélien, Walla, qui en a fait sa manchette. À vrai dire, Liberman n'apprend rien à personne en faisant un tel aveu. Et pourtant, il fait là œuvre nouvelle, car il reconnaît la défaite du projet américano-sioniste qui consistait à renverser Assad avant de provoquer la répartition de la Syrie en cinq "entités" suivant les critères ethniques et tribaux. Mais les propos de Liberman contiennent aussi un second aveu aussi important sinon plus que le premier. Il a dit : " Aujourd'hui, de nombreux pays font la queue pour normaliser avec Assad ; ils en meurent d'envie, ce qui est un fait sans précédent". Le ministre israélien a évoqué les pays "arabes modérés" qui frappent à la porte de Damas et cherchent à s'approcher d'Assad. Il y a à peine quelques semaines que ce même personnage parlait d'alliance stratégique avec " les pays du golfe Persique qui auraient franchi des pas géants dans le sens d'un rétablissement des liens avec Israël". Est-ce à dire que cette "dynamique" s'est inversée et que les pays du golfe Persique auraient mis en veilleuse leur tropisme pro-israélien et ce, après avoir le cœur net de l'imminente victoire de l'axe Syrie-Iran-Russie ? Un axe, qui soit dit en passant, tend à rallier la Turquie depuis que le Kurdistan irakien, boosté par Israël, chante des airs d’indépendance ?
Les informations qui nous parviennent vont plus loin : Riyad aurait non seulement cessé tout soutien politique et financier à l'opposition anti-Assad, mais encore tâterait le terrain pour reprendre contact avec Assad. C'est d'ailleurs pour cette même raison que le chef d’opposition syrienne, Riyad Hijab a pris ses cliques et claques et a quitté Riyad pour Washington. Certes, les cercles anti-Assad avance les raisons médicales à ce départ précipité, mais on a vu l'intéressé réapparaître en bonne santé à New York lors des débats à l'Assemblée générale de l'ONU. De toute évidence, Hijab tente de s'acclimater aux ordres intimés par le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir qui lui aurait lancé ceci : Assad restera, il faut faire avec!
Quant au Qatar, cet autre ennemi juré d'Assad, écarté de la scène syrienne au profit de Riyad, Liberman a toutes les raisons du monde de s'en méfier. Doha aurait complètement laissé tomber l'opposition syrienne, quitte à se rapprocher de Téhéran, l'allié le plus proche de Damas. Pire, il serait en ceci suivi d'Ankara dont les représentants seraient tombés d'accord avec leurs pairs syriens sur les modalités de la trêve à Idlib et à Raqqa, et ce sous l'égide russe et au moment où la question kurde pousse les ennemis d'hier à accorder leurs violons.
Or, malgré le retentissant aveu de Liberman, Assad semble avoir toujours la tête sur les épaules; en politicien rusé et homme d'état, il sait bien qu'il lui reste deux grandes batailles à remporter avant de crier victoire : la réconciliation nationale et la reconstruction. Mais ceci n'enlève rien de son mérite : Assad est à la tête d'une armée qui s'est battue à la fois sur une cinquantaine de fronts et qui a su les gagner un à un. Le complot était de taille tout comme la résistance de son armée et du peuple syrien…pour avoir essayé tous les coups possibles et imaginables contre Assad, le Sioniste Liberman sait parfaitement de quoi il parle quand il reconnaît la victoire d’Assad.