Pourquoi la Russie a-t-elle envoyé ses avions bombarder les positions de Daech à Deir ez-Zor ? Après tout, le sud-est syrien n'est pas forcément la zone qui l'intéresserait le plus. Alquds alarabi évoque le sujet dans un article.
Les forces russes ont fini par se déployer dans plusieurs localités de la province de Deir ez-Zor après que l'armée syrienne et ses alliés ont réussi à briser le siège de la province et à en reprendre le contrôle, secondés par l'aviation russe.
Le spectacle des chars et des blindés russes sillonnant les différentes villes de la province de Deir ez-Zor n'a rien d'inhabituel pour les habitants. Ce sont surtout les analystes politiques qui s'étonnent de la présence des forces terrestres russes dans la province.
En effet, qu'est-ce qui justifie cette présence, vu que Deir ez-Zor n'a jamais constitué un objectif militaire pour Moscou ? Il semblerait que la Russie soit déterminée à restituer l'emprise économique de l'État syrien dans cette province pétrolifère, qui possède des gisements pétroliers et gaziers. La Russie a ainsi armé les forces alliées d'Assad qui ont pris part, aux côtés de l'armée syrienne, à la reprise de la ville, tout en prenant pour cible de ses missiles et bombes les positions de Daech, afin d'ouvrir la voie à leur avancée.
Les soldats russes s'affichent désormais dans les rues des localités d'al-Jawra et d'al-Qassour alors que les Sukhoï russes survolent les quartiers de la ville.
Le journal cite ensuite les forces tribales syriennes qui racontent avoir vu "plus de 600 soldats russes" se battre aux côtés de l'armée syrienne lors des combats visant à briser le siège de Deir ez-Zor. Ces soldats s'y étaient rendus via la route internationale Damas-Deir ez-Zor-Panorama.
Le journal proche de Riyad évoque ensuite l'usage par l'aviation russe des missiles qui ont facilité la tâche aux soldats syriens surtout dans les collines d'Allouch ou encore dans le village de Baghiya.
Interrogé par le journal, le général de brigade Hicham al-Mustapha commente l'implication directe de la Russie en ces termes: "Depuis le début de la bataille pour la libération de Deir ez-Zor dans l'est de l'Euphrate, la Russie s'est engagée aux côtés de Damas, quitte à redéfinir les rapports de force. A vrai dire, Moscou veut restituer au régime syrien le contrôle des puits de pétrole de la province, manière de lui assurer de nouvelles ressources financières. En effet, l'engagement russe à Deir ez-Zor s'explique surtout par l'alliance qui unit Moscou à l'Iran et au Hezbollah. Deir ez-Zor, Abou Kamal et al-Mayadeen sont des localités stratégiques situées sur la route reliant Téhéran à la Méditerranée via le sol syrien et libanais. C'est dire à quel point l'alliance Russie-Iran est solide. Mais la liberté d'action dont jouissent l'armée syrienne et ses alliés n'existera pas à Abou Kamal et à al-Mayadeen."
L'auteur de l'article espère voir un face-à-face direct éclater entre les alliés d'Assad et les États-Unis car la Russie "finira par se lasser" en l'absence des intérêts stratégiques, au contraire de Washington qui a bien compté sur les puits de pétrole du nord et de l'est de la Syrie.
"C'est pour avoir ces puits de pétrole que les Américains ont renoncé à la ville de Deir ez-Zor elle-même, préférant contrôler la périphérie. Ils ont fait la même chose par le passé à Hassaké, Qamishli et Raqqa", ajoute l'auteur.
Mais les Russes vont-ils renoncer à Deir ez-Zor aussi facilement que l'auteur le laisse supposer ? Rien n'est moins sûr. A Deir ez-Zor deux opérations se déroulent parallèlement: celle de l'armée syrienne et ses alliés dans la périphérie ouest de la ville et celle des Kurdes dans l'est. Sur le terrain, les forces alliées ont le dessus.