Aux États-Unis, les milieux politiques sont inquiets : le pays pourrait tomber dans le piège d’une nouvelle guerre, cette fois entre l’Iran et Israël, auquel cas la Russie n’hésitera pas à prendre parti pour l’Iran.
Le journal Pravda, organe du Parti communiste russe, revient sur un récent article publié dans les colonnes du Wall Street Journal, journal qui « reflète les points de vue des dirigeants américains » et écrit : « Israël et l’Iran finiront par entrer en guerre ».
Par cet oracle, The Wall Street Journal évoque en effet les récentes frappes de l’aviation israélienne contre un site militaire syrien et conclut que dans l’état actuel des choses, « une confrontation israélo-iranienne n’est pas du tout inimaginable ».
Et Pravda de poursuivre : « Il est fort difficile de ne pas être d’accord avec le journal américain. Il est vrai que la guerre en Syrie a fourni aux Iraniens un accès direct à la Méditerranée et, partant, aux frontières israéliennes. À vrai dire, les choses ne vont guère dans le sens des intérêts d’Israël qui, paniqué, presse Russes et Américains à tenir compte de ses exigences. »
La réalité est que l’Iran, secondé par la Russie et la Turquie, fait partie des pays garants du cessez-le-feu dans le cadre des accords d’Astana. De plus, les forces iraniennes engagées aux côtés de l’armée syrienne combattent les terroristes et leur présence, cautionnée par Moscou, ne fait que renforcer les combattants du Hezbollah dans leur lutte contre Daech. Cet état de choses a effectivement rendu possible l’accès des Iraniens aux frontières d’Israël.
Qu’est-ce qui inquiète Israël ?
À en croire les services du renseignement israéliens, les forces iraniennes ont l’intention de maintenir leur présence en Syrie pour créer un corridor jusqu’en Méditerranée. Si l’on en croit encore le renseignement israélien, l’Iran envisage de bâtir une base navale à Tartous, ce qui inquiète vivement les autorités de Tel-Aviv.
Mais ce n’est pas tout : en dépit de ses étroites coopérations avec Washington, Bagdad est un allié militaire de Téhéran. Le ministre irakien de la Défense vient de rentrer d’une récente visite à Téhéran qui a suscité une réaction hostile des Américains.
La présence militaire de l’Iran hors de ses frontières pourrait pousser l’Oncle Sam à revoir à la hausse son assistance militaire à Riyad et à Tel-Aviv. Mais que fera la Russie ? Cédera-t-elle au chantage et aux pressions israéliens et américains ? Rien n’est moins sûr.
Il est vrai que les rapports géopolitiques au Moyen-Orient viennent d’entrer dans une phase délicate avec en filigrane le risque d’un conflit ouvert entre Israël et l’Iran. Et c’est là que le facteur « russe » entre pleinement en ligne de compte. Car désormais, la position russe pourra décider de la tournure que prendront les événements. De toute évidence, la montée en puissance de l’Iran ne déplaît guère à la Russie, dont l’alliance militaire et politique avec Téhéran a pleinement réussi à protéger la Syrie et ne cesse d’ailleurs de s’approfondir.
L’an prochain, l’Iran deviendra membre à part entier de l’Organisation de coopération de Shanghai, ce qui signifie une chose : l’Iran bénéficiera de l’ombrelle protectrice de Moscou, qui voit d’un œil particulièrement bienveillant la présence militaire iranienne dans la région. De la Méditerranée au golfe Persique, le Corps des gardiens de la Révolution islamique entrave un à un les plans US. Que veut de plus une Russie que tout, absolument tout, éloigne désormais d’Israël.