Alors que l'armée syrienne et le Hezbollah se trouvent à quelques kilomètres de la ville stratégique de Deir ez-Zor, un journal turc revient sur ce qu'il qualifie de "plan américain pour le sud et le nord de la Syrie".
Dans l'une de ses plus récentes éditions, Yeni Shefeq affirme que "le principal objectif des États-Unis en Syrie consiste désormais à créer un "couloir de terreur" via l'encerclement d'Idlib en passant par Afrin. Pour le journal, ce sont les Kurdes de Syrie, "proches du PKK" qui joueront le rôle de "pions des Américains" dans le cadre de la mise en œuvre de ce plan.
" Si Deir ez-Zor tombe entre les mains des Américains, ces derniers imposeront leur emprise sur les frontières syriennes aussi bien dans le nord que dans le sud. Ce sont là des régions riches en gisements pétro-gaziers", constate le journal qui détaille en ces termes le plan américain: " La prise de Deir ez-Zor par les Américains permettra aux Kurdes syriens, actifs à Hassaka et à Raqqa, de s'arroger de l'une des principales voies de transit de l'énergie en Syrie. Doté du pétrole, les Kurdes de Syrie iront droit vers le fédéralisme, exactement à l'image des Kurdes d'Irak. Et ce sera alors l'émergence d'une autonomie kurde aux portes de la Turquie", avertit le journal qui dénonce la formation des "camps d'entrainement US" destinés aux "terroristes kurdes syriens" à Qamishli, Tal Abyad, Kobané, Tabqa, Manbij ainsi qu'à Shadada, soit des localités situées dans le nord de la Syrie.
Yeni Shefeq dénonce ensuite les liens qui unissent les "Kurdes de Syrie" au PKK, organisation terroriste pour Ankara: " Le PKK mène depuis 1984 une lutte armée sans merci contre l'État turc, axée essentiellement sur les frontières du sud-ouest du pays, lutte qui a coûté la vie à plus de 40.000 personnes", note le journal.
" C'est dans ce contexte particulièrement tendu que les États-Unis ont expédié leurs délégations pétrolières dans le nord de la Syrie. Ces délégations sont venues rencontrer en "signe d'amitié" les Kurdes. En juillet et en août, les représentants des géants pétroliers français, canadiens, américains et britanniques se succédaient dans la région, accompagnés du général McCormik, commandant en chef de la coalition US en Syrie. Ces représentants ont même pu rencontrer les chefs tribaux dans des régions cibles à savoir les régions pétrolifères", poursuit le journal.
Yeni Shefeq met en garde contre un "renforcement de la présence des Américains sur l'axe reliant Raqqa-Deir ez-Zor-Hassaka, axe qui s'étend aux frontières irakiennes et qui en cas d'exploitation apporterait aux Américains, des millions de dollars via le transit du pétrole syrien vers la Méditerranée".
" Les terroristes de Daech et les Forces démocratiques syriennes [soutenus par les USA] seront dès lors faire chanter le gouvernement syrien. Ils iront, à l'image des Kurdes d'Irak, vendre leur pétrole à Damas, les recettes pétrolières quotidiennes qu’ils en tireront, dépasseront les 6 à 7 millions de dollars."
Le quotidien souligne que l'avancée des Kurdes soutenus par les Américains se fait vers le nord de Deir ez-Zor: "Ces forces sont toutefois doublées par l'armée syrienne et ses alliés pro-iraniens qui progressent très rapidement vers l'ouest de Deir ez-Zor. La situation risque de se compliquer dans les semaines à venir alors que Damas et ses alliés tentent de damer le pion aux Kurdes et aux États-Unis. Les succès militaires réalisés ces dernières semaines contre Daech au Qalamoun ont permis à l'armée syrienne et au Hezbollah de s'approcher de Deir ez-Zor voire de reprendre le contrôle de trois de ces quartiers. Le crash Iran/Russie avec les Etats-Unis par kurdes interposés n'est pas à écarter à Deir ez-Zor."