Le président américain Donald Trump a signé le 14 août dernier un mémorandum demandant une enquête sur le dossier de la propriété intellectuelle, afin de savoir si la politique commerciale chinoise nuit aux entreprises américaines dans ce domaine. Mais économiquement parlant, les États-Unis sont tellement dépendants de la Chine qu’une « guerre commerciale » pourrait avoir une issue fatidique.
Le journal électronique russe RBK, cité par Tasnim News, écrit qu’une enquête sur les transferts de propriété intellectuelle imposés par les autorités chinoises aux entreprises américaines pourrait déboucher sur des sanctions ou des mesures de rétorsion prises dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et susciter une rafale de réactions de la part de Pékin : hausse du coût de la production chinoise, du taux d’intérêt et du coût du service de la dette publique américaine.
L’adoption de nouvelles sanctions contre la Chine fait polémique sur la scène internationale. Les États-Unis ont déjà instauré des taxes d’importation dissuasive sur les produits provenant de Chine, dont l’acier, dans le but de protéger l’emploi des Américains et contrecarrer la fuite des investissements à l’étranger. Mesures, qui indubitablement, feront baisser le volume des échanges commerciaux dans le monde et la demande en énergie et produits bruts.
Dans ses prévisions d’une « guerre commerciale », Donald Trump a omis la dépendance économique de son pays à la Chine et les risques considérables que feraient peser sur l’économie américaine de nouvelles sanctions contre Pékin.
On oublie souvent que les réalités historiques aident à la compréhension de nombreuses questions. Le face-à-face entre les États-Unis et la Chine s’explique par la guerre de l’opium, conflit qui a opposé la Chine à l’Angleterre de 1839 à 1842. Dès la fin du XVIIIe siècle, pour consolider leur hégémonie commerciale en Asie, les Anglais utilisent l’opium comme une véritable arme et vont inonder le marché chinois avec cette drogue, en obtenant le monopole de sa vente en Chine, pour y réaliser des bénéfices identiques à ceux qu’ils faisaient en Inde.
Les Occidentaux vont donc fournir aux Chinois cette drogue en grande quantité, provoquant ainsi le déclin de la Chine impériale. Dès 1834, ils opèrent de nombreuses représailles envers le gouvernement chinois, qui entrave leur commerce.
Cet aperçu historique montre que la situation d’aujourd’hui n’a pas changé, sauf que les acteurs ont changé de rôle et que les produits chinois ont remplacé l’opium.
Tout a commencé au début des années 2000, quand les États-Unis ont arrêté, dans le cadre de la mondialisation, de fabriquer des produits à faible valeur commerciale pour se concentrer sur le développement des technologies avancées. De ce fait, la production de vêtements, chaussures et autres produits de consommation courante a connu une croissance exponentielle en Chine, pays qui bénéficie d’une grande main d’œuvre.
Or, s’est instauré entre les États-Unis et la Chine un consensus : technologies avancées en échange de produits de consommation.
Le seul hic pour les Américains, c’est que les Chinois sont tout aussi capables de produire de la technologie. Les États-Unis se sont amusés un moment à importer des produits high-tech de Chine, en arrêtant leur production locale. L’équilibre entre les importations et les exportations s’en est ainsi trouvé affecté, et dans le nouvel ordre mondial, les États-Unis n’étaient plus en mesure de fournir à la Chine de la marchandise en échange de ses importations.
Dans la conjoncture actuelle, les Américains troquent avec des crédits, de l’immobilier, des terrains ou de l’or. L’histoire se répète, mais cette fois, en faveur de la Chine.