Le Premier ministre israélien accuse désormais l'Iran d'avoir fabriqué une usine de missiles dans le sud syrien tout près des frontières avec la Palestine ocupée, ce qui justifierait à ses yeux, "l'expulsion de l'Iran de la Syrie", même si ce dernier est l'un des piliers de la lutte contre le terrorisme takfiriste qui frappe de plein fouet l'Occident.
L'idée, très saugrenue, a toutefois du mal à passer, même auprès des officiels américains. Un ancien conseiller du Pentagone, David Schenker, actuel directeur du programme "Pays arabes" à l'institut Washington estime que le Hezbollah dispose d'une puissance balistique propre, "largement" optimisée depuis sa dernière guerre (2006) avec Israël. Doté d'une telle capacité, le Hezbollah a-t-il réellement besoin d'une usine iranienne pour s'équiper?
L'entretien qu'a accordé Schenker à The Cipher Brief, contient des éléments bien révélateurs. Bien que l'ex-agent du Pentagone tente de convaincre le lecteur de la nécessité d'un alignement total des USA sur la ligne israélienne dans le sud de la Syrie, l'argument ne passe pas.
Le spécialiste spécule d'abord sur le nombre de missiles et de roquettes que posséderait le Hezbollah, "quelque "150.000", avant d'affirmer qu'il s'agirait d'une "gamme de missiles bien variés" : " Il va sans dire que les combattants du Hezbollah ont depuis 2006 optimisé la qualité de leurs missiles qui à l'époque ont atteint le port de Haïfa". Schenker rappelle surtout le missile antinavire de conception chinoise C-802 INS Hanit que le Hezbollah a tiré en 2006 et qui a provoqué le naufrage d'un navire de guerre israélien à quelque 10 kilomètres de la côte libanaise : " Depuis cette date, le mouvement libanais a bien travaillé ses capacités balistiques et il s'est muni d'engins encore plus performants qui sont capables de frapper n'importe quelle cible en Israël.... Surtout qu'il dispose aussi de missiles russes mer-côte, susceptibles de bloquer tout trafic maritime en temps de guerre. À vrai dire, le Hezbollah est à même de stopper à la fois le trafic aérien et maritime en Israël".
Alors une Résistance qui possédait en 2006 un arsenal aussi impressionnant et qui n'a cessé de travailler à sa perfection, a-t-il réellement besoin de l'Iran?
Plus loin dans l'article, l'ex-conseiller du Pentagone se concentre sur les capacités anti-missiles d'Israël sans évidemment relever les failles qui caractérisent le bouclier anti-missiles israélien :" Israël a travaillé à la perfection de son système "Arrow" dont la mission consiste à contrer les missiles iraniens. Il possède également le système "Dôme de fer" propre à intercepter les engins. Or tous ces dispositifs pourraient échouer à endiguer les missiles du Hezbollah".