Après avoir libéré Mossoul des mains des terroristes de Daech, l'armée et les forces de Mobilisation populaire irakiennes-les Hachd al-Chaabi- se focalisent désormais sur la ville stratégique de Tal Afar, située non loin des frontières avec la Syrie.
Tal Afar située à 65 kilomètres de l'ouest de Mossoul jouit d'une situation géostratégique et géopolitique unique dans la mesure où elle relie, tel un corridor, Mossoul à Raqqa. Avant la reprise de Mossoul, ce fut par Tal Afar que transitaient armes et munitions daechistes entre l'Irak et la Syrie. Or ce moment de quiétude n'existe plus : les terroristes de Daech, totalement assiégés à Tal Afar, craignent à tout moment l'assaut final des forces irakiennes au point d'avoir été forcés de décréter le couvre-feu dans la ville.
Mais qu'attendent les forces irakiennes pour passer à l'acte? La réponse, c'est Henri Kissinger, vieux routier de la politique US qui la fournit : Si Daech disparaît, l'Iran en profitera. La sentence n'a rien d'étrange, si on se rappelle que le secrétaire d'État de l'ex-président, Nixon, sioniste convaincu, a été l'un des architectes des accords de Camp David et qu'il a fait tout pour allumer la mèche du conflit entre l'Irak et l'Iran dans les années 80 et qu'il se targue d'avoir à son actif la théorie dite de "guerre civile au sein du monde musulman".
La perspective d'une disparition de Daech à la fois en Irak et en Syrie inquiète les vieux lieutenants de la politique américaine : A Tal Afar où les Américains viennent de déployer leurs avions de chasse en plein cœur des terres de Daech, et ce sans doute, pour retarder les opérations de la libération, ou encore à Deir ez-Zor où ces mêmes Américains bombardent les Hachd al-Chaabi pour empêcher leur avancée vers les derniers retranchements des terroristes, les intérêts d'Israël dictent une chose : "stopper net l'axe de la Résistance" . Car la fin de Daech signifierait la fin des "querelles de clocher" qu'a réussi à déclencher Daech -cette impeccable créature des services du renseignement israélo-américains- au sein du monde de l'islam et à permettre le retour au-devant de la scène de cette "plaie" qui infecte le corps islamique depuis 70 ans à savoir l'occupation israélienne. Kissinger a raison de craindre la fin des guerres fratricides qui ensanglantent la Syrie et l'Irak puisqu'en l'absence de Daech, les yeux seront tournés vers le Golan, les fermes de Chebaa, la Galilée, Gaza....et la Cisjordanie.
Les opérations de libération de Tal Afar devront donc être retardées le plus longtemps possible, voire arrêtées tout court : il y a six mois le porte-parole du Mouvement Al-Nujaba (Hezbollah d'Irak), l'une des principales composantes des Hachd al-Chaabi, annonçait la création, avec l'aide de l'État syrien, d'une "Armée de libération du Golan". Cette Armée, avait affirmé Hachim al-Moussavi, " n'attendait que le feu vert de Damas pour déclencher ses opérations contre l'occupation israélienne". Or ces propos ne sont pas passés inaperçus à Tel-Aviv qui, en présence des régimes arabes désormais ankylosés, voit dans la Résistance la seule vraie menace contre ses projets expansionnistes . D'où les frappes aériennes des Américains contre les Hachd à Al Tanf, ce triangle frontalier où va se jouer l'avenir du Moyen-Orient.
L'armée syrienne et ses alliés irakiens ont réussi ces derniers mois à cumuler les gains "stratégiques" dans le désert de Syrie, limitrophe de l'Irak. Idem pour ce qui en est des régions situées sur les frontières avec la Jordanie. La marche arrière de Daech sur tous les fronts a poussé les Américains à entrer directement en scène et frapper sans vergogne les positions des Hachd. Le Pentagone veut imposer sa règle, mais il en est impuissant.
L'Iran mettra fin à l'existence de #Daech (général Salami)https://t.co/ATFuQKD9or pic.twitter.com/vjEsNgFI5L
— Presstv Francais (@PresstvFr) August 13, 2017
Dans les heures suivant la frappe des chasseurs US contre les positions des Hachd à al Tanf, l'armée syrienne et le Hezbollah ont repris le contrôle quasi total des frontières syro-jordaniennes, en hissant le drapeau national syrien en haut de plusieurs postes frontaliers.
Et alors ces exploits se reproduiront-ils à Al Tanf? Les Hachd attendent l'ordre du commandant en chef des forces armées irakiennes, le Premier ministre, Al Abadi. Ils ont d'ailleurs affirmé ne pas vouloir s'engager sous le drapeau de "la coalition US" pour participer à la bataille de Tal Afar. Sur fond d'exigences américaines et saoudiennes de "dissoudre les Hachd", Al Abadi est face à l'un des plus difficiles choix de toute sa carrière : se résigner à la Constitution irakienne et institutionnaliser une bonne fois pour tout le statut des Hachd à titre d'une des composantes des Forces armées nationales, ou capituler face à "l'éternel occupant américain".... Son parcours a montré qu'il sait faire le bon choix.