En Syrie, ce n'est pas uniquement les Américains qui doublent la Turquie d'Erdogan en apportant leur soutien aux Kurdes.
Dans un récent article Robert Fisk, journaliste de The Independant se concentre sur les récents combats dans la périphérie de Raqqa, où l'armée syrienne et ses alliés ont réussi à encercler les terroristes de Daech et écrit : après la large progression de l'armée syrienne et de ses alliés dans la banlieue de Raqqa, certaines informations font état de la formation d'un "QG conjoint" impliquant à la fois les Kurdes de Syrie et l'armée syrienne. Ce QG se trouve situé dans les déserts de l'est de la Syrie et a pour mission de "coordonner les efforts de guerre anti-Daech des Kurdes et de l'armée syrienne". Fisk localise ce QG qui se situerait dans un village, plaqué en plein désert et où travaillent " de jeunes officiers kurdes, les officiers syriens ainsi que les forces tribales syriennes".
La présence de l'armée syrienne aux côtés des Kurdes et des tribus arabes syriennes, jette le plus grand doute sur la version que les Américains vendent sans cesse au sujet de leur coopération avec les Kurdes : cette version voudrait faire croire à une "profonde rivalité entre les Kurdes qui les empêcherait de coopérer avec l'armée syrienne". Or, affirme Fisk, "j'ai rencontré un officier kurde qui a affirmé sous couvert d'anonymat se battre dans le même camp que l'armée syrienne contre les terroristes de Daech". Citant toujours ce combattant kurde, Fisk affirme : " Deux semaines après l'attaque-éclair de l'armée syrienne contre Daech dans l'ouest de Raqqa, le QG en question a été créé pour éviter des frappes par méprise des avions russes contre les positions des FDS. Outre ce QG situé en plein désert de Syrie, il existe un autre centre de Commandement conjoint armée syrienne/FDS, situé cette fois à Afrin (ville qu'Ankara s'apprête à attaquer dans les jours à venir, NDLR)".
Cité par Fisk, le combattant kurde affirme "se voir dans le même camp que l'armée syrienne dans la lutte contre Daech". Selon le journaliste britannique, "cette nouvelle relation qui se crée entre les Syriens et les Russes d'une part et les Kurdes de l'autre montre à quel point Washington et Moscou sont déterminés à éviter une confrontation sur le sol syrien". Mais cette information pourrait être commentée autrement : méfiants à l'égard des Américains, les Kurdes de Syrie semblent rechercher un allié sûr sur qui compter : face à la perspective d'une intervention kurde dans le nord de la Syrie, et surtout à Idlib, les Kurdes ne pourraient réellement faire confiance aux Américains. Ce serait donc vers Damas et leurs alliés, qu'ils auront intérêt à se tourner. Or cette alliance Damas-Kurdes syriens n'a rien pour plaire à la Turquie d'Erdogan.