Les analyses se multiplient concernant les modalités de la mise en application du cessez-le-feu conclu entre la Russie et les États-Unis dans le Sud-ouest syrien. Jeudi, les agences d'information ont même fait état de l'arrivée du contingent russe composé de 400 soldats à Deraa où ces derniers auront pour mission de surveiller l'application de la trêve qu'Israël dénonce de son côté pour ne pas avoir pris en compte ses " soucis sécuritaires".
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Mais quelle est la position jordanienne dans cette affaire?
Bien que les analyses ne cessent d'évoquer le "oui" jordanien à ce cessez-le-feu russo-américain, on n'a entendu que très peu les officiels jordaniens s'exprimer à ce sujet. Il semblerait toutefois que tout n'est pas résolu pour Amman dans cette affaire. Le sort du point de passage de Nassib situé sur les frontières syro-jordaniennes constituerait à titre d'exemple l'une des pierres d'achoppement. À en croie le journal jordanien, Al Ghad, " une délégation composée de représentants des groupes armés actifs dans le Sud syrien se trouverait depuis plusieurs jours à Amman où elle négocie avec l'envoyé spécial US pour la Syrie, Michael Ratney ".
Le journal ajoute : " un accord de façade semble répondre à de nombreuses questions, mais le sort du point de passage de Nassib pose toujours problème. Pour l'État syrien, ce point de passage revêt une importance majeure dans la mesure où il s'agit d'une voie destinée au transit de marchandises". Quant aux groupes armés, ils ne sont pas prêts à y renoncer non plus en ce sens que c'est par ce passage qu'ils pourraient s'alimenter en armes et en munitions depuis la Jordanie et Israël. Mais la trêve va-t-elle échouer pour autant?
Vu ses relations avec les Américains et les Russes, la Jordanie a formulé une proposition.
Al Ghad dit : " Amman jouit d'une large influence au sein des groupes armés ( terroristes qaïdistes d'Al Nosra, NDLR) agissant dans le Sud syrien. Il n'a aucune objection à ce que le drapeau syrien soit hissé en haut de ce point de passage, mais pas à n'importe quel prix. La Jordanie veut que les groupes armés contrôlent ce passage frontalier, mais en présence d'observateurs internationaux", "une exigence qui pourrait faciliter l'infiltration d'armes et de terroristes depuis la Jordanie et Israël dans le Sud syrien,NDLR)
Le journal révèle un second point de divergence qui fait débat : la présence d'anciens du Front Al Nosra ou du Front Fatah al-Cham. Ce groupe sur lequel les Américains ont largement misé pour contrer l'armée syrienne et ses alliés "rejette le cessez-le-feu" et "occupe des pans entiers des provinces du sud de la Syrie". Que faire? La trêve propose soit l'évacuation des Nosratistes vers Idlib dans le nord de la Syrie soit des combats pour démanteler ce groupe. Les chefs d'autres groupes armés ont évoqué de leur côté le déploiement des observateurs dans le sud de la Syrie ainsi que la construction des centres de surveillance.
La trêve dans le sud de la Syrie devrait s'appliquer à Deraa, à Soweida et à Quneitra.