Le journal New York Times revient sur la politique américaine en Syrie qui a paradoxalement bénéficié à l'Iran et à la Russie. " Cela fait deux mois que les Américains cherchent à mettre à la porte Daech à Mossoul, laissant à la Russie la possibilité de donner libre cours à ses projets et ambitions au Moyen-Orient ".
Après cette violente entrée en matière, le journal s'en prend aux "failles" du système Trump au Moyen-Orient et écrit : " les politiques du président américain ont provoqué une grande fissure au sein du clan des pays arabes du golfe Persique, rassemblés auparavant autour de la bannière anti-iranienne. Trump a poussé le Qatar à s'éloigner de l'Arabie saoudite et à se rapprocher davantage de la Turquie avec en perspective davantage de coopération entre Doha d'une part et Téhéran et Moscou de l'autre".
Le journal évoque ensuite le sommet du G20 et la rencontre Poutine-Trump en Allemagne qui constitue, à le croire, une monumentale gaffe stratégique : " ce plan de trêve que Trump vient de conclure avec Poutine dans le sud de la Syrie est en effet une clé fournie au rival russe pour que ce dernier et l'Iran puissent élargir leur champ d'action et d'influence en Syrie". New York Times relève ensuite l'aspect "saugrenu" de l'entourage de Trump, composé de gens " les uns plus étranges que les autres" : " avec un tel entourage, il semble que pas une seule occasion ne manquerait à Poutine pour amplifier la présence et le poids russes dans la région. Et c'est dans ce contexte que Trump a envoyé son secrétaire d'État, Rex Tillerson dans la région mettre de l'ordre dans la pagaille mais la situation est beaucoup trop chaotique que Tillerson puisse y changer quoi que ce soit. Ses déclarations n'ont d'ailleurs fait que discrédité les tweets du président Trump".
Pour New York Times, la plus grosse "bourde" commise par Trump aura été son action envers le Qatar qui en a renforcé l'isolement : " le soutien de Trump à Riyad contre Doha a fait éclater la coalition anti-iranienne créée autour de l'Arabie saoudite. Mais les USA n'avaient vraiment pas à faire ce genre de manœuvres : Washington dispose de bases militaires aussi bien au Qatar qu'en Arabie saoudite. La coalition anti-iranienne compte aussi en son sein l'Égypte et la Jordanie. Restent le Koweït, l'Irak et Oman qui ne sont pas hostiles à l'Iran. Il fallait essayer d'attirer dans le camp anti-iranien ces pays".
Le quotidien s'intéresse ensuite aux événements qui ont précédé la conclusion du cessez-le-feu russo-américain : " l'extension du poids russe en Syrie a fait suite en effet à l'abattage le 19 juin d'un chasseur syrien par les avions de combat US. Les pourparlers destinés à apaiser les tensions ont débouché sur la trêve dans le sud-ouest syrien, trêve qualifiée par Trump de "tournant" dans ses relations avec la Russie. Mais au lieu de faire ce genre d'assauts d'amabilité, Trump aurait dû demander à Poutine d'où vient ce regain d'intérêts russes pour le Moyen-Orient . La réponse est claire : la Russie s'intéresse de plus en plus au Moyen-Orient puisque c'est par là que le gros du pétrole du monde est transité vers les pays occidentaux. C'est ce flux d'énergies qui pourra fournir à la Russie l'occasion de défier les États-Unis pour le siècle nouveau. En outre, les Russes comptent alimenter la Syrie et d'autres pays du Moyen-Orient en armes et munitions, ce qui leur permettrait à terme d'avoir accès à la Méditerranée et au golfe Persique. Cette voie d'accès est importante pour Moscou qui cherche à contrôler le flux mondial du pétrole ainsi que sa distribution".
Et le journal d'ajouter : " C'est pour toutes ces raisons précitées que le président russe aime si profondément Damas. La Syrie lui fournit l'occasion de faire de l'Iran un partenaire stratégique et d'aller voir aussi du côté des Turcs. Et Trump a donné à Poutine les moyens de ses ambitions, en bousillant le front anti-russe et anti-iranien que les pays arabes avaient formé . Cet état de faits profite aussi à l'Iran qu'à la Turquie. "