Le ministre iranien des Affaires étrangères a déclaré que l’Iran n’avait jamais cherché à se doter de l’arme nucléaire.
Sur le plateau de la chaîne de télévision américaine CNN, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a critiqué l’administration américaine pour avoir violé la lettre et l’esprit du Plan global d’action conjoint :
« L’Iran a rempli sa part du contrat, ce qui est confirmé par l’Agence internationale de l’énergie atomique, mais ce n’est pas le cas des États-Unis. Ils n’ont pas honoré leurs engagements. À titre d’exemple, la Maison-Blanche a annoncé, il y a quelques jours, que Donald Trump avait profité de son déplacement à Hambourg pour décevoir les autorités des pays membres du G20 quant à la reprise des relations commerciales avec l’Iran. Cet acte constitue une violation de l’esprit et également du texte de l’accord nucléaire. »
Interrogé pour savoir si un Iran post-accord pourrait chercher à se doter de l’arme nucléaire, Mohammad Javad Zarif a répondu que l’Iran, au cours des négociations nucléaires et même avant ces négociations, avait souligné, à maintes reprises, qu’il n’entendait pas fabriquer l’arme nucléaire.
Il a ensuite rappelé comment l’Agence internationale de l’énergie atomique avait conclu que toute allégation sur une possible dimension militaire du programme nucléaire était de nature infondée :
« Je pense qu’il existe des parties qui tentent d’effrayer les autres. L’Iran était, lui-même, une victime des armements chimiques et il n’en a fabriqué aucun, bien qu’il en ait été capable. Les armements chimiques contredisent non seulement notre idéologie, mais en plus ils ne sont pas en mesure de renforcer notre sécurité. »
Interrogé sur la visite de Donald Trump en Arabie saoudite et le soutien plein et entier qu’il a apporté à Riyad, le chef de la diplomatie iranienne a qualifié cette politique d’« erronée » :
« On sait d’où viennent les terroristes. On sait de quel pays étaient venus les auteurs des attaques contre le World Trade Center. Aucun d’entre eux n’était Iranien. Les Iraniens n’étaient derrière aucune attaque terroriste qui a eu lieu après 2001. Je crois que l’idéologie que propage notre voisin, l’Arabie saoudite, est à l’origine de l’extrémisme et du fanatisme aveugle. C’est bien cette idéologie qui nourrit les éléments n’ayant aucun trait avec l’islam. Regardez le Front al-Nosra ! Regardez Daech ! Regardez al-Qaïda ! Aucun n’a de lien avec l’islam ni l’Iran. Ces terroristes ne sont alimentés pas seulement par cette idéologie, mais en plus par des fonds et des armes de ceux qui se croient les alliés des États-Unis. »
Répondant à la question de savoir pourquoi l’Iran soutient le gouvernement syrien, Mohammad Javad Zarif a expliqué que les politiques adoptées par Téhéran envers la Syrie, l’Afghanistan, l’Irak et d’autres pays de la région restaient immuables :
« Nous nous opposons fermement au terrorisme et à l’extrémisme et nous n’hésitons pas à voler au secours des pays qui sont en pleine lutte contre l’extrémisme et le terrorisme. Nous avons aidé les Afghans à lutter contre les Taliban et al-Qaïda. Nous avons aidé les Irakiens à repousser les terroristes de Daech, à Erbil aussi bien qu’à Bagdad et nous faisons la même chose en Syrie. »
Le ministre iranien des Affaires étrangères a ensuite rappelé un plan en quatre points qu’il avait proposé quelques semaines après sa nomination, pour contribuer au règlement de la crise en Syrie :
« Le plan que j’ai proposé a servi plus tard de principe à la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU. Il stipule l’instauration d’un cessez-le-feu, l’organisation d’un dialogue national, l’amendement de la Constitution et la mise en place d’un gouvernement national qui implique aussi les membres de l’actuel gouvernement. »
M. Zarif s’est attardé, dans une autre partie de son interview, sur la crise sévissant au Yémen, déplorant la façon dont les civils yéménites innocents étaient bombardés depuis deux ans par l’aviation saoudienne :
« Les Saoudiens comptaient gagner la guerre au Yémen en deux semaines, mais les bombardements se poursuivent depuis plus de deux ans. Nous nous opposons à cette guerre et nous avons mis en avant une initiative, dans l’espoir de pouvoir y mettre fin. »
Le haut diplomate iranien a, de même, réagi à l’article, récemment publié par le quotidien New York Times, selon lequel l’Iran « a mis l’Irak sous sa domination ».
« L’Iran fait toujours des choix corrects et il a prêté main-forte aux Irakiens, tout au contraire des pays ayant soutenu Saddam, Daech et d’autres groupes terroristes », a conclu Mohammad Javad Zarif.