TV

Foreign Policy: les erreurs de calcul de Riyad seraient au profit de Téhéran

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Poignée de main entre Donald Trump et le prince héritier de l'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, à la Maison-Blanche, à Washington, en mars 2017. ©AFP

La revue américaine Foreign Policy revient sur les derniers coups de main de l’Arabie saoudite dans la région dans un article intitulé « L’Arabie saoudite s’affaiblit et renforce l’Iran » paru dans son édition du 6 juillet 2017.

« Le président Donald Trump voit vraisemblablement en Mohammed ben Salmane, qui en juin a été nommé nouveau prince héritier saoudien par son père, le roi Salmane d’Arabie, un leader moyen-oriental à sa propre image. L’hostilité du jeune prince héritier envers l’Iran et sa censure impitoyable du Qatar sont en parfaite adéquation avec l’agressivité naissante de Trump contre Téhéran.

Mais en prenant partie dans les querelles internes du Conseil de coopération du golfe Persique et en cautionnant le récit selon lequel l’Iran serait la principale source d’instabilité au Moyen-Orient, Trump risque de transformer la situation en une véritable aubaine pour Téhéran, un peu comme l’avait fait l’ex-président George W. Bush en provoquant la chute de l’Irak, un pays qui avait permis de juguler tant bien que mal la puissance iranienne depuis la Révolution islamique.

Les Saoudiens se trompent s’ils cherchent du réconfort dans le soutien de Trump à leurs politiques régionales. Indépendamment de ce que feront les États-Unis, adopter une posture plus agressive contre l’Iran tout en imposant un blocus au Qatar est susceptible d’affaiblir la position saoudienne et ce qu’il reste d’un ordre politique arabe déjà fragilisé. Destinées à porter un coup à l’Iran, ces actions pourraient, au contraire, renforcer Téhéran.

Alors que l’Arabie saoudite, grâce à ses relations sécuritaires avec les États-Unis, possède de nombreux avantages militaires sur l’Iran, une grande partie de la force politique de l’Arabie saoudite dans la région provient de la position avantageuse du royaume au sein du monde arabe. Mais l’ordre arabe a été sévèrement fragilisé à cause de la corrosivité des guerres civiles en Irak, en Libye, en Syrie et au Yémen.

Accroître l’hostilité envers l’Iran risque de prolonger ces guerres, faisant courir le risque d’affaiblir encore plus le monde arabe et, partant, la position de l’Arabie saoudite par rapport à l’Iran. Si les guerres par procuration que mènent l’Arabie saoudite et l’Iran dans la région se prolongent, le risque de voir les guerres civiles se répandre dans d’autres pays arabes comme la Jordanie et le Liban s’accroîtra, la division au sein du monde arabe s’aggravera, et l’Iran pourra tirer les marrons du feu.

Un autre risque est de voir le Qatar sortir de l’orbite du Conseil de coopération du golfe Persique. Alors que Doha a toujours mené une politique étrangère indépendante de celle de Riyad, il a coopéré avec l’Arabie saoudite dans de nombreuses opérations, dont la guerre au Yémen. 

La possibilité de voir Doha se tourner de plus en plus vers la Turquie et l’Iran, les deux pays qui ont métaphoriquement lancé une corde à la mer pour sauver le Qatar, pourrait représenter une perte sèche pour Riyad. Si on lui permet de suivre son cours, la querelle entre l’Arabie saoudite et le Qatar est susceptible de renforcer l’axe Turquie-Iran. »

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV