Dans un article intitulé "Les missiles iraniens en Syrie, une erreur de Trump?", le Huffington Post se penche sur "les erreurs commises par Trump en Syrie" qui semblent conduire droit à un "nouvel ordre du jour propre à déclencher une nouvelle guerre".
"L'Iran a tiré dimanche six missiles balistiques contre la Syrie à rebours de la volonté de Washington, de Riyad et de Tel-Aviv. Ces missiles ont été tirés en réponse aux attaques terroristes commises par Daech dans la capitale iranienne, Téhéran", lit-on dans l'article. Le journal relève ainsi "l'aspect inédit de cette attaque depuis 30 ans".
"C'est la première fois depuis la fin de la guerre Irak/Iran que Téhéran procède à une telle attaque, ce qui nous incite à nous demander pourquoi l'Iran a-t-il décidé de changer de politique et d'avoir recours aux missiles hors de ses frontières ? La réponse est claire: la décision de tirer des missiles renvoie à la politique belliciste de Trump au Moyen-Orient et ce sont trois raisons qui expliquent cet embrasement: primo, Trump a amplifié ces quatre dernières semaines et sans aucune raison apparente la présence militaire américaine en Syrie. Trois frappes aériennes US ont visé pendant cette période les forces alliés de Téhéran qui se battent aux côtés de l'armée syrienne. Les États-Unis ont déployé leurs forces spéciales et s'en sont pris à un drone de l'armée syrienne, de fabrication iranienne. Ces démarches sont commanditées par Trump et son équipe alors que sous l'ère Obama, les États-Unis s'étaient engagés sur la voix du dialogue et de l'interaction avec l'Iran. La nouvelle politique de la Maison Blanche est ni plus ni moins un ordre du jour pour la guerre.
Secundo, il se peut que Trump veuille contrer totalement l'influence iranienne en Syrie mais le message que livre l'Iran à travers son attaque balistique, s'oppose radicalement à la politique iranienne de Washington: "Nous ne vous permettons pas d'irradier la Syrie de l'orbite iranien".
Trump a donné son blanc-seing, au cours de sa visite à Riyad, à toute action anti-iranienne de l'Arabie saoudite et ce feu vert a rendu bien hargneux les Saoudiens. À peine un mois après sa visite à Riyad, il a traité l'Iran de tous les maux et l'a même qualifié d'être le parrain des terroristes tout en menaçant de transférer la guerre sur le territoire iranien. L'Iran s'est gardé de viser directement les intérêts de Riyad ou de Washington mais en revanche, il a pris pour cible de ses missiles Deir ez-Zor, là où une guerre par procuration se déroule entre l'Arabie saoudite et les États-Unis d'une part et la Syrie et son allié iranien de l'autre.
En ce sens, la frappe balistique iranienne a un autre message à faire passer à Washington et à ses alliés: de quelle que manière que vous attaquez l'Iran, l'Iran dispose de multiples moyens pour riposter. Il y a là une mise en garde directe lancée aux forces américaines basées en Syrie, en Irak, en Afghanistan voire au Yémen.
Tertio, et le pire de tout, c'est que l'administration Trump vient de parler d'un renversement du régime en Iran, ce qui coupe tout contact diplomatique entre l'Iran et les États-Unis dans le cadre de l'accord nucléaire. Trump croit pouvoir faire fléchir les Iraniens en faisant tourner la vis. Mais il se trompe. Les menaces de Bush contre l'Iran a déclenché une double guerre au Moyen-Orient (Irak et Afghanistan) qui a abouti à une plus grande influence iranienne à Bagdad et à Kaboul. L'irréalisme de la formule "renverser le régime iranien" se manifeste davantage quand on suit le discours de l'ONU qui affirme qu'aucune solution viable pour la crise syrienne ne pourrait exister sans la participation directe de l'Iran. Mais malgré cela, Trump parle encore de la confrontation militaire avec les Iraniens en Syrie.
Les missiles Zulfaqar qui se sont abattus sur Deir ez-Zor ont lancé un autre avertissement à Trump: si vous cherchez à changer le régime politique en Iran, sachez que votre tentative n'ira pas sans vous coûter chère. Vous ne sortirez pas vainqueur de la guerre, si vous la déclenchez contre l'Iran. Tout ce qui précède témoigne d'une triste réalité: depuis l'investiture de Trump à la Maison Blanche il y a six mois, l'Iran n'a eu recours qu'une seule fois à ses missiles hors de ses frontières. Espérons que cette attaque ne se répétera plus. Mais si elle se répétait, la faute en reviendrait à Trump et aux graves erreurs qu'il est sur le point de commettre au Moyen-Orient."