Le journal libanais Albana consacre un article aux difficultés rencontrées par les Américains à Raqqa.
« L’expulsion des terroristes de Daech de Raqqa n’est pas chose ardue. L’armée syrienne et ses alliés devraient en reprendre le contrôle dans les prochains jours sans trop de difficulté. Mais le fait malencontreux qui s’est produit, c’est l’engagement direct de l’aviation US dans les combats. Au lieu de viser Daech avec qui ils semblent avoir conclu un accord tacite, les Américains frappent à coup de bombes les civils de Raqqa. Les analystes militaires y voient une tentative américaine pour remporter une victoire identique à celle de leurs forces face au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale.
N’oublions pas que cela fait plus d’un an que les Américains et leurs alliés ont annoncé “la grande bataille pour Raqqa”. Cette bataille a divisé le camp américain, la Turquie n’ayant pas toléré que Washington jette son dévolu sur les Kurdes.
Et c’est là que le bât blesse : la complexité de la situation à Raqqa semble avoir échappé aux vieux généraux du Pentagone. Cette complexité n’est pas due à Daech et sa puissance militaire déclinante, mais aux forces en présence qui se disputent la reconquête de Raqqa. Ankara se sent lésé par le soutien américain aux Kurdes de Syrie et pas un jour ne passe sans qu’il le fasse comprendre à la partie américaine par des déclarations intempestives, des coups de colère voire des actes insoupçonnés de sa part : qui aurait dit en effet que la Turquie, grand allié des Américains au sein de l’OTAN et en guerre depuis six ans contre l’armée syrienne, la Russie et l’Iran, finirait par se mettre à la table des négociations à Astana avec ces mêmes adversaires ? C’est dire que la situation n’est guère enviable pour les alliés de Washington malgré l’appui ferme qu’ils ont reçu des États-Unis pendant toutes ces années.
Dans le même temps, Washington travaille à ce que l’armée syrienne et le Hezbollah soient contrés dans le désert de Syrie aux alentours de Palmyre et, en ce sens, il n’a pas hésité à composer avec Daech, au vu et au su de l’opinion internationale, quitte à se transformer aux yeux de cette dernière en complice de Daech.
C’est dans ce contexte difficile que l’armée syrienne et la Résistance ont clairement bravé la ligne rouge fixée par Washington en parvenant aux frontières communes avec l’Irak, là où les Unités de mobilisation populaire irakiennes les attendent pour pouvoir conjuguer leurs forces avec les leurs dans la lutte contre Daech.
Alors que les généraux du Pentagone avec à leur tête le “Chien enragé” ont été incapables jusqu’ici de faire quoi que ce soit de concret en Syrie, une question se pose : à trop vouloir tirer profit d’une prolongation de la guerre en Syrie, les États-Unis ne risquent-ils pas de se brûler les doigts ? »