Pour le Guide suprême de la Révolution islamique, les accusations formulées par les États-Unis contre l'Iran sont des prétextes mensongers qui visent à nuire à l'Ordre islamique.
Lundi 12 juin, lors d'une audience accordée aux chefs de trois pouvoirs judiciaire, législatif et exécutif, l'Ayatollah Khamenei a qualifié l'élection présidentielle du 19 mai dernier de "plus grand événement de l'année en cours" tout en mettant l'accent sur la nécessité qu'il existe à "créer un nouveau climat d'entente et de coopération" pour réunir les conditions d'un "progrès tout azimut du pays".
« Pour une bonne gestion des affaires courantes, il faudrait transformer les menaces en autant d’occasions, mettre à profit les expériences et surtout le principe d’unité et de cohésion nationale et ne pas faire confiance aux États-Unis. Il faudrait aussi faire appel aux critères bien fiables pour toute prise de décision dont celui qui est de loin le plus important, à savoir « agir dans le sens des vrais intérêts de la nation » et ce, en conformité avec deux autres principes que sont « l’identité nationale et le caractère révolutionnaire de notre peuple ».
Plus loin dans ses propos, le Guide Suprême de la Révolution islamique a critiqué «certains commentaires» qui, basés sur des «querelles inutiles» cherchent à «vicier la grande œuvre que fut la participation massive du peuple à la présidentielle» avant de dénoncer «de nouvelles sanctions américaines» décidées en tout impudence contre l’Iran: «Pour neutraliser tant d’animosités, il nous appartient de créer un climat d’entente et de coopération qui rend possible l’accomplissement de ce qui est l’objectif suprême de chacun de nous, à savoir le progrès de la République islamique et la consolidation des fondements.»
Dans l’optique de l’Ayatollah Khamenei, c’est «l’identité nationale» qui décide «des intérêts nationaux»: «L’identité nationale se nourrit de trois principes que sont le fait d’être musulman, le fait d’être révolutionnaire, de se réclamer d’une Histoire commune. En ce sens, l’identité nationale ne pourrait jamais être inhérente à des considérations passagères qui elles, ne relèvent que des intérêts imaginaires.»
L’Ayatollah Khamenei a appelé ensuite les chefs des trois pouvoirs (cités plus haut) à éviter, dans leurs prises de décision, toute mesure qui contredise d’une manière ou d’une autre les préceptes de l’islam, de la Révolution et de l’Histoire de l’Iran car «les intérêts nationaux ne peuvent être par principe dictés ou imposés de l’extérieur».
Plus loin dans son discours, l’Ayatollah Khamenei est revenu sur le concept de «normes internationales» souvent détourné de son sens et instrumentalisé par les grandes puissances dans l’objectif de contrer les États indépendants: les Américains accusent depuis quelque temps l’Iran et au nom même de concept de norme internationale, de déstabiliser la région. En réponse à ces calomnies, deux questions viennent à l’esprit: d’abord en quoi les intérêts de notre région vous regardent ? Ensuite, n’êtes-vous pas vous-mêmes à la source de la déstabilisation de la région ? Daech est né sous les auspices américaines et c’est à la faveur du soutien des États-Unis que ses terroristes continuent à survivre. La prétention qui est celle des Américains et qui consiste à faire croire en une lutte coalisée contre Daech est un mensonge. Certes, les États-Unis sont contre «un Daech non-apprivoisé» mais ne font pas un secret de leur volonté de combattre farouchement quiconque combattrait réellement Daech.
Le Guide Suprême a relevé ensuite le deux poids deux mesures des Américains en la matière et a affirmé: «Que les États-Unis parlent des droits de l’homme alors qu’ils se sont engagés aux côtés d’un régime aux mœurs médiévaux et à l’essence tribale, et cela, en accusant la République islamique qui est une démocratie, c’est le comble du ridicule et un déshonneur qui entache à jamais les Américains.»
En évoquant les incidents post électoraux de 2009, l’Ayatollah Khamenei a mis en garde contre toute tentative de «bipolarisation» qui pourrait menacer le pays et porter atteinte à l’unité nationale. Il a invité les responsables à «se garder bien loin de l’ennemi extérieur et de ses prolongations internes» tout en s’appuyant sur «les forces vives du pays» comme «cela a été le cas dans le dossier nucléaire».
Les négociations nucléaires avec les grandes puissances qui ont abouti à un accord, ont été évoquées autrement au cours de ce discours: «Le refus de faire confiance à l’ennemi est un autre principe à tenir en compte dans le cadre de la gestion d’un État. Là où nous avons momentanément oublié ce principe, nous en avons subi les contrecoups» et le nucléaire ne fait pas exception à la règle. «Quand l’ennemi vous tient tête sans honte ni vergogne, la moindre marche arrière le rendra plus hargneux. D’où la nécessité de faire attention», a-t-il ajouté.
Pour le Guide Suprême, l’aversion américaine contre le Corps des gardiens de la Révolution islamique se justifie par la puissance de ce dernier à faire face aux plans américains: «C’est une évidence que les États-Unis veuillent éliminer les paramètres qui sont à l’origine de la puissance et de l’autorité du CGRI et de (sa composante extraterritoriale, NDLR) la force Qods ou encore qu’ils cherchent à empêcher le CGRI d’agir dans des dossiers régionaux. Mais c’est aussi évident que la grandeur de l’Iran, sa force et sa puissance n’existerait, sans ses forces armées à savoir le CGRI, le corps des mobilisés ou encore l’armée nationale.»
Dans la vision de l’Ayatollah Khamenei, «de nombreux litiges entre l’Iran et les États-Unis échappent instinctivement à toute solution» car ces litiges, «loin d’avoir leurs racines dans le nucléaire ou les droits de l’homme et des questions similaires» renvoient à une chose: «Les États-Unis s’opposent à ce qui fait l’essence même de l’Ordre islamique, Ordre indépendant et qui régit un pays aux richesses innombrables.»
«Eux-mêmes grands sponsors du terrorisme, les États-Unis nous accusent d’enfreindre les principes des droits de l’homme, de malmener la stabilité régionale ou encoure de soutenir le terrorisme. Ce sont là des prétextes inventés par les États-Unis qui créent eux-mêmes la terreur et qui la soutiennent.» Le Guide Suprême a dénoncé l’appui américain à Israël, un régime qui représente la substantielle moelle de la terreur et qui est né par et pour la terreur. « En ce sens, il est impossible pour l’Iran d’arriver à un compris avec les États-Unis» car l’Iran «ne renoncera à aucun prix à sa lutte contre l’hégémonie et la tyrannie et à son soutien aux peuples opprimés comme celui de la Palestine».