Le général retraité d'origine libanaise, Amin Hoteit, s'intéresse à la visite du ministre qatari des AE en Russie, visite qui intervient au plus fort de la crise qui oppose l'émirat à l'Arabie saoudite. " Il est peu probable que cette visite soit soldée par une alliance entre la Russie et le Qatar, mais il y aurait très probablement des accords permettant à Doha de ne pas se sentir menacé ni sur le plan militaire ni sur le plan économique".
" En dépit d'une vaste campagne anti-qatarie déclenchée par Riyad et ses acolytes, le Qatar tient bon et dit ne pas vouloir se résigner aux dictats saoudiens. Cette intransigeance a son prix : il faudrait de nouveaux alliés et une armée renforcée au Qatar pour qu'il puisse résister face à l'Arabie saoudite qui le traite en parent pauvre, se moque de son armée et de son système politique. C'est sans doute dans le même sens que la Turquie a décidé d'envoyer ses soldats au Qatar ou que l'Iran a choisi d'ouvrir son ciel et ses ports à Doha. Doha compte sur Ankara pour pouvoir contrer la menace militaire de Riyad tandis que l'appui commercial iranien lui permet de contourner le blocus économique".
Pour Amin Hoteit, l'alignement des États-Unis sur la politique anti-qatarie de Riyad a poussé le Qatar à tenter un rapprochement avec Moscou:" Doha avait besoin de réinstaurer un nouvel équilibre dans ses relations avec les grandes puissances d'où la visite de son ministre des AE en Russie. Ayant clairement opté dès le début de la crise pour la ligne dure saoudienne, Washington a refusé de rassurer le Qatar de son soutien même s'il a proposé un temps le dialogue. Le ministre qatari des AE a pris donc le chemin de Moscou pour voir du côté des Russes et essayer d'attirer leur soutien. La Russie a tout pour jouer le rôle de médiateur dans cette crise qui pourrait s'avérer bien bénéfique à Moscou et à sa place d'acteur régional et international".
Pour Hoteit, il n'y aurait pas d'alliance entre Doha et Moscou, mais une sorte d'entente qui permettrait au Qatar de se mettre à l'abri des menaces militaires et économiques dont il fait l'objet, car " toute alliance a besoin au préalable de mesures catégoriques" que le Qatar n'est pas pour le moment prêt à prendre".