Profondément empêtré dans une crise relationnelle avec Riyad qui entre bientôt dans sa deuxième semaine, le Qatar vient d'annoncer un bilan de six blessés dans les rangs de ses soldats qui participent depuis mars 2015 à l'agression saoudienne contre le Yémen.
D'après le ministère qatari de la Défense, "ces six militaires ont été blessés dans le sud de l'Arabie saoudite au cours d'une opération menée par la coalition". Le ministère se garde bien de dévoiler le nom de la région où la dite opération s'est déroulée mais des sources d'information font état de tirs d'artillerie lourde de l'armée yéménite contre les villes saoudiennes de Najran, de Jizan et d'Asir.
Selon la chaîne Al-Masirah, la DCA de l'armée yéménite et d'Ansarallah a par ailleurs réussi à abattre un drone de reconnaissance saoudien dans l'est de la province de Taëz. L'appareil s'est écrasé dans la localité d'al-Amri à l'ouest de Taëz, une province stratégique qui se situe dans le sud-ouest du Yémen et où des combats d'une violence inouïe ont opposé ces derniers jours les forces saoudiennes à Ansarallah.
La DCA yéménite a réussi ces dernières semaines à intercepter puis à abattre plusieurs drones de reconnaissance saoudiens, ce qui prouve un net progrès dans le fonctionnement des unités de défense anti-aérienne yéménites. Les 14 et 30 mai dernier, deux autres drones saoudiens avaient été visés et abattus dans le désert de Midi, situé dans la province de Hajjah.
La soi-disant coalition de guerre que l'Arabie saoudite a formée en 2015 pour attaquer le Yémen est de plus en plus fragilisée par des conflits d'intérêts qui impliquent ses membres. À Aden, port stratégique du sud du Yémen que contrôle depuis 2014 le président démissionnaire et en fuite Hadi, pas un jour ne passe sans que les mercenaires de Riyad et d'Abou Dhabi ne s'en prennent les uns aux autres. Au bout d'un mois de conflits, l'aéroport d'Aden vient de tomber aux mains des pro-émiratis au détriment des pro-saoudiens avec à leur tête Mansour Hadi.
Sur le champ de bataille, la dite coalition ne peut revendiquer aucun succès militaire digne de ce nom, après plus de deux ans de guerre qui a coûté la vie à près de 13.000 civils yéménites. Même l'implication directe des forces spéciales US dans les combats n'a pas fait avancer les choses: les forces saoudiennes continuant à faire du surplace à Mokha, port stratégique dont elles comptaient s'emparer totalement en prélude à l'occupation de Hudaydah, un autre port stratégique dont le contrôle pourrait assurer l'emprise sur le détroit de Bab el-Mandeb.
L'annonce par le Qatar du bilan de ses soldats blessés au Yémen ne peut, selon certains analystes, être anodine dans la mesure où des sources n'écartent plus un retrait de Doha du Conseil de Coopération du golfe Persique. Au cas où ce retrait deviendrait effectif, il n'existe plus aucune raison pour que le Qatar maintienne sa présence au sein de la coalition pro-Riyad au Yémen.
Vidéo : Des combats à Taëz