Les six candidats à la 12e élection présidentielle iranienne se sont retrouvés dans leur troisième et dernier débat télévisé en direct.
Au cours de ce débat, les candidats ont profité de leur temps de parole afin de présenter leurs projets économiques alors qu’ils sont en pleine campagne présidentielle pour les élections du 19 mai.
Durant le premier débat, les candidats avaient abordé divers sujets. Le deuxième était beaucoup plus animé où les candidats s’attaquaient mutuellement sur leur bilan passé et présent.
Qu’on dit les candidats avant le débat ?
D’entrer de jeu, Qalibaf a déclaré que la mise en œuvre de tout plan économique sert essentiellement l’intérêt de la minorité qui est de « 4% », un terme qu'il a utilisé tout au long de sa campagne pour se référer à « la distribution inéquitable des richesses et des opportunités» dans le pays. Il a également espéré que les candidats se concentreraient sur les questions économiques et ne se détourneraient pas de la question initiale.
Dans une interview accordée aux journalistes avant le débat, Aqa-Mirsalim a déclaré que le débat économique s’avère plus important que les deux précédents débats télévisés en raison du fait que le problème majeur des iraniens reste l’économie, et ce problème est très délicate pour les jeunes générations du pays.
Pour Ebrahim Raïssi, les iraniens souhaiteraient connaître les détails du programme de chaque candidat. Il a également insisté sur le fait que la principale préoccupation de la population est la question économique.
Avant le débat, Rohani s’est également exprimé en ses termes : les Iraniens s'attendent à ce que les candidats précisent leur programme économique et expliquent ouvertement ce qu’ils envisagent de faire pour améliorer la situation économique du pays.
La contrebande et les importations
Les candidats à la présidentielle ont commencé le débat en exprimant leurs points de vue sur les propos de Jahanguiri. Raïssi a commencé en insistant sur le fait que son plan économique de lutte contre la contrebande était basé sur une vaste recherche universitaire. Il a ajouté que le 11e gouvernement avait échoué face à ce trafic.
Hachemi-Taba a déclaré que 114 quais officiels du pays ont servi pour le trafic des marchandises.
Qalibaf a déclaré que la prévention reste la première étape dans la lutte contre la contrebande et a ajouté que certains ministres du gouvernement actuel sont concernés dans les affaires des importations illégales du pays.
Rohani a de son côté annoncé que la première préoccupation concernant la contrebande est de connaître ses causes principales. Il a ajouté que les activités économiques du secteur privé devraient être encouragées.
Jahanguiri a repris la tribune pour répondre aux questions des candidats :
‘’le système judiciaire n’a pas accompli ses devoirs et s’est montré très faible dans la lutte contre la contrebande de marchandises. Le gouvernement actuel a pris de sérieuses mesures pour faire face aux salaires faramineux.’’
Dépendance au pétrole
Mirsalim a déclaré qu'il envisageait de réduire les ventes de pétrole brut en faveur de l'exportation de produits nationaux. Il a ajouté que les ventes de pétrole brut ont rendu le pays plus dépendant envers d'autres pays.
Rohani a réagi à ces propos en insistant que son administration a réussi à ouvrir les marchés d'exportation iraniens grâce à la signature et à la mise en œuvre de l'accord nucléaire en 2015. Pour Jahanguiri, le 11e gouvernement a considérablement réduit l'exportation de matières premières. Quant à Raïssi, il a déclaré que la construction de raffineries dans diverses provinces réduirait les ventes de pétrole brut. Il a ajouté qu'il n'existe actuellement aucune volonté sérieuse de lutter contre la contrebande de marchandises dans le pays.
Hachemi-Taba a, pour sa part, annoncé que l’augmentation de la production nationale et de l'exportation serait une bonne démarche dans la lutte contre le trafic des marchandises.
Qalibaf a pointé du doigt les personnes ayant un intérêt direct dans la contrebande et les a accusés comme étant à l’origine de la prolongation de ce problème.
Affaire bancaire
Rohani, s’est exprimé à la tribune afin de présenter ses plans pour résoudre les problèmes du système bancaire. Il a déclaré que le système bancaire iranien avait besoin de réformes fondamentales. Le président en fonction a ajouté que son gouvernement avait réussi à doubler le revenu des banques publiques afin de faciliter leur activité dans le secteur économique.
Les candidats ont à leur tour exprimé leur point de vue sur les précisions de Rohani à commencer par Jahanguiri pour qui le précédent gouvernement avait provoqué l'épuisement des ressources bancaires. Mais il a également ajouté que le gouvernement envisage de mettre en œuvre un plan de développement bancaire afin de les pousser à s’investir dans la production nationale.
De son côté, Raïssi a déclaré : « le gouvernement actuel ne cesse d’accuser l’ancien gouvernement pour tous les problèmes, mais ne prend aucune mesure pour les régler ».
Pour Hachemi-Taba le 10e gouvernement est le responsable de la crise bancaire actuelle. Qalibaf a pour sa part annoncé que le gouvernement du président Rohani a échoué dans la gestion de la crise bancaire.
Aqa-Mirsalim a annoncé que le système bancaire est actuellement basé sur l'usure, ajoutant que le 11e gouvernement doit être plus ferme dans son plan de régularisation de la crise bancaire.
La production national
Hachemi-Taba, a répondu à une question visant ses projets pour l’élargissement de la production nationale. Pour ce candidat la modernisation du secteur agricole est la première étape dans l’augmentation de la production nationale. L’attraction de l'investissement étranger et les réformes bancaires sont d'autres mesures nécessaires à cet égard pour Hashemi-Taba.
Qalibaf, a réagi aux propos de Hachemi-Taba en annonçant que les problèmes de production sont ancrés dans la mauvaise gestion du gouvernement.
Aqa-Mirsalim a déclaré que les problèmes de production sont le résultat de l'incapacité du gouvernement. Rohani a de son côté déclaré que l’augmentation de la production nécessite des investissements supplémentaires et une utilisation approprié de la technologie.
Jahangiri a de son côté insisté sur le fait que le secteur privé est la clé de l’élargissement de la production et des investissements du pays et a ajouté que le gouvernement actuel a réussi à installer une stabilité à l'économie iranienne.
Raïssi a souligné que 250.000 entreprises ont été fermées sous le gouvernement actuel.
Les subventions
Raïssi a expliqué ses plans pour la mise en place de la loi sur les subventions. Il a déclaré que les politiques du gouvernement de Rohani ont augmentaté la pauvreté à l'intérieur du pays et a ajouté que les subventions accordées aux déciles inférieurs devraient augmenter.
Les candidats à la présidentielles ont à tour de rôle exprimé leur points de vue sur les remarques de Raïssi en commençant par Hashemi-Taba qui a affirmé que le gouvernement actuel avait réussi à freiner l'inflation.
Pour Qalibaf les entrepreneurs du pays subissaient beaucoup de pressions sous la crise économique du pays.
Aqa-Mirsalim a pour sa part déclaré que la production nationale a baissé au cours des quatre dernières années.
Rohani a plaidé pour la continuité du versement des subventions et la mise en place du plan de sécurité sociale.
Jahangiri a accusé le gouvernement précédent comme étant le responsable des problèmes actuels du pays et a ajouté que l'augmentation des subventions détruirait l'économie du pays.
Croissance économique
Concernant la croissance économique, Qalibaf a estimé que l'Iran est confronté à une crise économique à part entière et a ajouté que le gouvernement du président Rohani n'a pas réussi à résoudre la crise économique du pays.
Pour Aqa-Mirsalim le gouvernement actuel n'a pas poursuivi les principes de l'économie de la résistance.
Rohani a exigé que Qalibaf explique ses plans pour atteindre un taux de croissance économique de 26%. Jahangiri a déclaré que les candidats doivent expliquer s'ils sont capables d'attirer des investissements étrangers. Raïssi a de son côté insisté sur le fait que le pétrole représentait la part du lion du taux de croissance économique national de 7%.
Le maire de Téhéran a pour sa part promis que son administration créera certainement cinq millions d'emplois, dont 1,5 million d'emplois pour les zones rurales, s'il est élu.
Qalibaf a ajouté que l’épanouissement du secteur du logement et du tourisme figure parmi ses principaux plans et qu’il envisageait de multiplier les revenus du pays par 2.5.
Deuxième tour
Dans la deuxième section du débat, chaque candidat disposait de deux minutes pour répondre à une question posée par le présentateur.
Qalibaf, a pour sa part expliqué ses plans pour améliorer la production dans le secteur agricole et a déclaré que l'Iran devait devenir autonome dans la production de produits agricoles essentiels.
Il a ajouté que la lutte contre la corruption est une condition préalable pour un pays qui cherche à devenir autonome.
Tiré au sort, Raïssi a ensuite répondu à une question concernant ses projets de lutte contre la corruption économique et a déclaré que les structures corrompues doivent être traitées par les responsables du gouvernement. Il a exhorté la sensibilité du la lutte contre la corruption.
Hashemi-Taba a été interrogé sur ses projets visant à réformer le système fiscal et a déclaré que les candidats à la présidentielles devraient clarifier les sources de financement de leurs campagnes.
Il a ajouté que les recettes fiscales doivent être transparentes grâce à un système fiscal global. Rohani, a pour sa part, répondu à une question sur ses plans visant à arrêter la croissance de la liquidité. Jahangiri a répondu à une question sur ses projets visant à promouvoir la qualité de l'industrie automobile. Aqa-Mirsalim, le dernier candidat s’exprimant dans cette partie, a expliqué ses plans concernant la croissance des entreprises scientifiques.
Dans la dernière partie du débat, les six candidats ont fait une conclusion de leurs commentaires durant les derniers débats.