Le nouveau document politique que le Hamas vient de publier ne renonce pas à « la lutte armée contre Israël » mais renonce à une clause très importante qui remettait en cause « l’existence d’Israël ».
Le document, publié lundi 1er mai, comporte 42 clauses qui exigent le droit des réfugiés au retour en Palestine, la lutte « par tous les moyens » contre Israël. Le texte dit être d’accord avec la formation d’un État palestinien, pas sur les frontières de 1948, c’est-à-dire avant l’occupation israélienne, mais bien après cette occupation, c’est-à-dire sur les frontières fixées en 1967.
Les analystes cités par l’agence de presse Qods relèvent le fait que le nouveau document politique du Hamas tente du début jusqu’à la fin de justifier le pourquoi de ce revirement. Le Hamas semble ne pas vouloir être accusé de « capitulation » devant le régime israélien. Mais le revirement n’en reste pas là : le mouvement ne dit pas un seul mot de ce qui fut pendant longtemps la principale raison du soutien des Palestiniens à sa cause à savoir « la nécessité de détruire Israël ».
Cette clause stratégique figurait d’ailleurs dans la charte fondatrice de 1988, publiée par les figures emblématiques du mouvement: elle invitait très clairement à ce qu’Israël soit éliminé, appel qui ne figure plus dans le nouveau texte.
Est-ce une démarche destinée à aider certains « régimes arabes du Moyen-Orient » à trouver le prétexte nécessaire à normaliser leurs relations avec Israël ? C’est bien possible.
L’annonce du document choc du Hamas a eu lieu à la veille de la visite de Trump dans les territoires occupés. Certaines sources font état de sérieux efforts égypto-jordaniens pour que le nouveau texte soit « politiquement correct » et plaise à la nouvelle administration US. Reste à savoir ce qu’en pense la principale partie concernée à savoir les Palestiniens, eux-mêmes victimes de près de 70 ans de crimes et d’occupation.
A l’heure où le Hamas publiait son document, de nouveaux prisonniers palestiniens ralliaient le mouvement de grève de la faim qui s’étend d’heure en heure.
L’éditorialiste de Raï al-Youm, le Palestinien Abdel Bari Atwan, a peut-être le mot juste : « Le Hamas marche sur les pas du Fatah de Mahmoud Abbas » quand ce dernier a commencé ses pourparlers avec Israël.