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Raqqa: Poutine a-t-il perdu ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président russe Vladimir Poutine. (Photo d'archives) ©RIA-NOVOSTI

Selon le journal Al-Binaa, il est vrai que les États-Unis ont remporté un certain nombre de succès dans la province de Raqqa au centre de la Syrie, mais la partie est bien loin d’être perdue pour la Russie et les alliés de la Syrie. 

Les succès militaires de Washington se sont manifestés après l’avancée des forces kurdes vers l’aéroport militaire de Tabqa, le retrait massif de Daech de la ville et du barrage de l’Euphrate ainsi que des villages du sud et de l’est de Raqqa.

Or, ces « victoires » remportées essentiellement grâce au soutien de l’aviation et des forces spéciales US, présentes sur la route reliant Alep à Raqqa, sont loin d’être stratégiques. Il s’agit surtout de victoires tactiques.

Ces succès tactiques se transformeront en succès stratégiques au cas où les forces US et leurs alliés au sol parviendraient à prendre le contrôle de Raqqa. Or, l’emprise sur Raqqa n’est pas une tâche facile et place Washington face à plusieurs défis. Et ce pour trois raisons : Daech est bien ancré à Raqqa et il n’est pas prêt à renoncer à son dernier grand bastion après sa défaite à Mossoul. En ce sens la bataille de Raqqa s’annonce longue et demande un gros contingent terrestre pour être remportée.

Pour le moment, les États-Unis ne semblent pas prêts à mener ce genre de combat. D’abord parce que les Kurdes, qui sont leurs alliés, ne sont pas nombreux. La même faiblesse numérique caractérise les troupes kurdes à Hassaka dans le nord de la Syrie.

Ensuite, Raqqa est une ville qui compte une grande population d’origine syrienne. Les frappes US risquent de provoquer des pertes importantes au sein des civils syriens comme à Mossoul, ce qui ne pourrait en rien arranger les Américains si soucieux de leur image auprès de la population locale. C’est donc une carte que Washington n’a pas du tout intérêt à jouer. D’autant plus que la Russie n’a cessé de mettre en garde les États-Unis contre les impacts très négatifs qu’aurait toute éventuelle frappe américaine contre la population syrienne.

La troisième raison est que les Arabes n’iront jamais accepter une bataille menée contre Daech sous l’égide des Kurdes, car ces derniers pensent surtout à annexer « Raqqa libérée » à leur État autonome à naître.

Et puis la population syrienne n’est pas dans sa majorité favorable à ce que Raqqa soit séparée du reste de la Syrie. La Turquie a également ses réticences. Elle n’accepte pas que les Kurdes participent à la bataille pour la libération de Raqqa.

Bref, les Américains ont été pris au piège d’une équation fort complexe en Syrie. Et l’effondrement des groupes armés qui agissent souvent comme leurs bras exécutants n’arrangent rien du tout. En d’autres termes, rien n’est gagné pour les Américains et Assad et ses alliés sont loin de perdre la partie à Raqqa. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV