Les électeurs turcs sont appelés à se prononcer sur une réforme constitutionnelle transférant les pouvoirs à Recep Tayyip Erdogan.
Le poste de Premier ministre serait supprimé. Malgré une campagne en défaveur de l'opposition, les sondages annoncent des résultats serrés.
À moins de vingt-quatre heures du scrutin, les derniers sondages indiquent une fin de campagne serrée entre les partisans du "oui" et ceux du "non" : entre 49% et 53% des électeurs se prononceraient en faveur de la réforme soutenue par Recep Tayyip Erdogan pour un renforcement des pouvoirs de la présidence.
Les militants ont jusqu’à 18 heures, ce samedi 15 avril, pour faire campagne avant une courte période d’embargo jusqu’à l’ouverture des portes des bureaux de vote dimanche matin.
Signe que les résultats sont serrés, le président Erdogan, après avoir tenu un meeting dans le fief conservateur de Konya vendredi, fera campagne à Istanbul samedi jusqu’à la toute fin de la période autorisée.
Plus de 55 millions d’électeurs sont inscrits sur les listes électorales, et plus de 167 000 urnes ont été déployées à l’échelle du pays. Le scrutin pour les Turcs de l’étranger s’est déjà achevé et plus de 1,3 million de bulletins de vote ont été acheminés à Ankara, où ils seront dépouillés dimanche. La participation à l’étranger est en légère hausse, ce qui devrait aussi être le cas en Turquie, alors que le taux de participation est généralement très élevé - plus de 85 % lors des dernières élections législatives.
La campagne qui s’achève a été tendue, et largement déséquilibrée en faveur du "oui", notamment dans les médias.
Le Parti républicain du peuple (CHP, kémaliste), principal parti d’opposition qui milite en faveur du "non", a dénoncé un "blocage systématique" des activités de campagne du parti et une "mobilisation des ressources de l’État en faveur du "oui", utilisation de véhicules et d’avions officiels, implication des institutions gouvernementales, et plus de cent millions de lires turques (25M €) récupérés sur des fonds discrétionnaires pour faire campagne".
Le résultat dépendra largement de la mobilisation des indécis, qui constituent selon les derniers sondages jusqu’à 10 % de l’électorat, issus pour la plupart du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) et du Parti de l’action nationaliste (MHP, ultranationaliste). Ce dernier parti s’est déchiré au cours de la campagne, sa direction étant partagée entre le "oui" et le "non". Le choix des électeurs du MHP, qui avait obtenu 12 % lors des dernières élections législatives, sera donc déterminant; c’est la raison pour laquelle la campagne de Recep Tayyip Erdogan a adopté une tonalité franchement nationaliste au cours des dernières semaines, notamment lors de la crise diplomatique avec l’Europe.
Autre facteur déterminant : la bonne tenue ou non du scrutin, notamment dans le Sud-est du pays à majorité kurde. Plusieurs dizaines de milliers d’électeurs ont été déplacés à la suite des combats entre le PKK et l’État turc depuis la fin du cessez-le-feu en 2015, et sont pour la plupart toujours inscrits sur les listes électorales de leur ancien lieu de résidence.
Les premiers résultats devraient tomber dimanche soir.
Source: lalibre.be