19 mois après les opérations militaires d'envergure de l'armée syrienne et de la Russie contre Daech et le Front Al-Nosra, opérations qui ont littéralement "cloué au sol" les terroristes, les États-Unis ont fini par attaquer militairement la Syrie. Mais cette attaque ne vise pas seulement l'État syrien, ce sont les acquis de Moscou que Trump vient de prendre pour cible.
Quelque 60 missiles US se sont abattus très tôt vendredi matin sur la base aérienne de Shayrat à Homs, avec en amont la pulvérisation des réservoirs d'essence, des chasseurs Sukhoï ou Tupolev qui servent à bombarder les terroristes. Le raid balistique s'est aussitôt répercuté sur le terrain : dans les heures qui ont suivi l'attaque, Daech a lancé une offensive contre Palmyre, une région reprise deux fois aux terroristes au terme des offensives conjointes Russie/Syrie.
L'engagement militaire direct des USA en Syrie avec en toile de fond la "réactivation de Daech et Cie" ne fait pas oublier une chose : le ciel de la Syrie est sous protection des S-300 et S-400 russes. En outre, la Russie maintient toujours sa présence militaire à Hmeimim bien que le gros de leurs troupes ait quitté la Syrie. Les Américains devront également compter sur les navires de guerre russe basés à Tartous mais là aussi le gros des forces marines a quitté le port : l'Amiral Kouznetsov ou encore le croiseur "Pierre le Grand" ne sont plus en Méditerranée.
L'Australie, la Grande-Bretagne, la France et la Turquie n'ont pas tardé à cautionner l'agression US, ce qui rend doublement importante la manière dont la Russie compte réagir à cette agression. Trump est décidé à réduire en miette tout ce dont Poutine a recueilli à travers la présence militaire russe en Syrie en termes sécuritaires et de lutte contre le terrorisme. En effet, cette présence a empêché que les takfiristes se prolifèrent en Asie centrale sous le nez d'une Russie qui vient de vivre une attaque terroriste à Saint-Pétersbourg.
Cité par la presse russe, le porte-paroledu Kremlin, Dmitri Peskov a repris les propos de Poutine après les frappes US : le point essentiel est que l'action militaire de Washington ne nous approche pas de notre objectif, au contraire, elle constitue un obstacle de taille sur l'émergence d'une coalition internationale efficace pour lutter contre le terrorisme. Ceci voudrait peut-être dire que le Kremlin a déjà perdu tout espoir de voir en Trump un "homme de la rupture". Les signes de désillusions se multiplient d'ailleurs. Vladimir Safronov a vivement conseillé aux stratèges américains de se rappeler de la Libye, de l'Irak et des impacts qu'a laissés l'intervention militaire US dans ces pays.
Lavrov, lui, a fait allusion ce vendredi matin à la ressemblance qu'il y a entre les frappes balistiques du 7 avril de Washington contre la Syrie et l'invasion de 2003 de l'Irak. Dans les deux cas, les Américains ont agi sans mandat onusien et au mépris du droit international. En Irak, la Russie est toutefois restée les bras croisés. Et en Syrie, pourra-t-elle en faire de même? Les prochaines heures apporteront la réponse.