La presse internationale se penche sur la visite du président Rohani en Russie, une visite qualifiée d’extrêmement importante.
Sputnik évoque dans un article l’émergence « d’un axe Iran/Russie » qui s’opposerait à l’axe « États-Unis/Arabie saoudite ».
« Cela fait belle lurette que Riyad et Téhéran entretiennent une relation tendue. Chacun des deux pays cherche un partenaire fiable qui se trouve en dehors du Moyen-Orient et il semblerait qu’ils aient fait chacun leur choix », écrit l’agence de presse russe.
Plus loin dans son article, Sputnik ajoute : « Cela étant dit, l’Arabie saoudite ne pourra peut-être pas tout miser sur ses relations avec les Américains, dans la mesure où Washington, doté d’une loi baptisée JASTA, entend faire payer aux Saoudiens des milliards de dollars d’indemnités pour compenser la douleur des familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001. Les chefs d’accusation qui pèsent sur la famille régnante ne sont pas des moindres : le financement des terroristes d’al-Qaïda, le soutien logistique aux organisations terroristes à travers le monde, et la préparation finale d’al-Qaïda en vue de commettre les attentats. Un réquisitoire contenant toutes ces charges vient d’ailleurs d’être présenté à un tribunal à Manhattan en présence de 800 plaignants, tous membres des victimes des attentats du 11 septembre 2001. »
Sputnik rappelle la rencontre récente de Trump avec le ministre saoudien de la Défense et « principal lobbyiste pétrolier saoudien », Mohammed Ben Salmane, auquel le président américain aurait demandé d’investir à hauteur de 200 milliards de dollars dans le secteur pétrolier américain, et ce, pour une durée de 4 ans. Pour Sputnik, c’est un « coup fourré » que Riyad reçoit en pleine figure de la part de l’administration américaine.
Euronews mentionne aussi de son côté la visite du président de la République islamique d’Iran en Russie, « au plus fort de la guerre par procuration que mènent Riyad et ses alliés contre Téhéran » : « Cette visite marque une victoire politique pour l’Iran, qui a fait son choix tout en mettant l’accent sur ses relations privilégiées avec la Russie. Mais c’est aussi un acquis pour Moscou qui fait comprendre au monde occidental, et aux États-Unis au premier chef, qu’aucun équilibre des forces ne sera possible au Moyen-Orient sans la présence de la Russie. »
Pour Euronews, la réunion tripartite du mois de mars à Astana, consacrée à la Russie, a marqué un tournant dans les relations des deux pays qui coopèrent « depuis 2011 dans le dossier syrien. En effet les deux puissances ont réussi au cours de cette réunion, à laquelle assistait la Turquie, à prendre l’initiative dans le dossier syrien ».
À vrai dire, l’armée syrienne et ses alliés iraniens et russes n’ont pas cessé de progresser ces derniers temps sur différents fronts de combat : à Alep on ne voit que les portraits d’Assad, de Poutine, de l’Ayatollah Khamenei et de Nasrallah. Ce fut la présence des Iraniens et du Hezbollah qui a changé la donne en faveur de l’armée syrienne. Quant à la Russie, elle a parié juste et a bien choisi ses alliés. C’est par la porte de l’Iran et de la Syrie qu’elle est entrée au Moyen-Orient et a prouvé qu’aucun équilibre des forces ne pourrait avoir lieu dans la région sans elle. Et c’est là qu’Israël se sent inquiet. La raison de la visite de Netanyahu à Moscou, qui a précédé celle de Rohani, se trouve là : Israël doute désormais de la solidité de ses liens avec Moscou surtout après la riposte de l’armée syrienne à l’une de ses dernières frappes en territoire syrien.
Euronews fait remarquer aussi que le partenariat politique Iran/Russie s’accompagne aussi d’un développement sans précédent des relations économiques, commerciales et militaires de part et d’autre. Ce qui mène l’article à se poser cette question : « Avec tout ce qui précède, on a tendance à se demander : la Russie va-t-elle renoncer à l’Iran pour se rapprocher des États-Unis ? La vérité est que Trump ne propose pas grand-chose à Poutine pour que celui-ci lâche la proie pour l’ombre... »