Le président de la commission des forces armées au Sénat américain, John McCain, travaille en ce moment à un texte qui engage l’administration Trump à « trouver un mécanisme pour mettre un terme à la guerre en Syrie ».
L’Intéressé, qui s’est rendu à de multiples reprises en Syrie, a souligné sur CNN la « nécessité d’une révision de la politique de l’administration américaine en Syrie », avant d’affirmer : « Il est vrai que les activités militaires américaines en Syrie ont pris une certaine vitesse et qu’elles se sont amplifiées : des contingents militaires devraient très prochainement arriver sur le territoire syrien. Les commandants de l’armée US sont autorisés à prendre des décisions sur place et c’est cela qui fera la différence. »
À en croire McCain, « les attaques ont gagné en intensité en Syrie et en Irak, surtout à Mossoul et à Raqqa, et c’est sur fond de ces évolutions que les États-Unis envisagent d’envoyer des militaires supplémentaires en Syrie et en Irak. On est loin d’appliquer un changement de stratégie militaire en Syrie, mais je constate de considérables évolutions dans notre action armée en Syrie ».
McCain a regretté par la suite « l’absence d’un mécanisme militaire » pour mettre fin à la guerre à Raqqa et à Mossoul, deux villes dont la chute aux mains de Daech est en grande partie due aux agissements de la CIA et aux collaborations indirectes de l’armée américaine.
Dans la suite de ses propos, McCain a dévoilé les réelles intentions de Washington en Syrie et en Irak pour les semaines et les mois à venir. Il a prétendu : « Les États-Unis ont dépensé des milliards en Irak et en Syrie (pour armer et financer les groupes terroristes contre l’État et l’armée syriens, NDLR). Il vaudrait donc mieux se doter d’ores et déjà d’une stratégie pour après la fin des combats à Raqqa. On le voit : les rivalités sont grandes entre le président turc Erdogan, d’une part, et les Kurdes, d’autre part. La Turquie avait promis d’être notre alliée, tout comme les Kurdes de Syrie. Et on voit aujourd’hui Turcs et Kurdes agir de leur propre chef sans aucun égard pour les intérêts américains. »
McCain a reconnu ainsi que Washington n’était pas parvenu à attirer aussi bien la confiance d’Ankara que celle des Kurdes. Au terme d’un accord conclu avec la Russie, les Kurdes de Syrie ont accepté de céder le contrôle de dizaines de villages de la périphérie de Manbij dans le nord de la Syrie.
Toujours selon le sénateur néoconservateur, « Trump va finir par donner l’ordre de lancer l’assaut sur Raqqa et le Pentagone a pris en ce moment de bonnes initiatives pour éviter la chute de cette ville ». Le terme « chute » employé par McCain désigne à vrai dire « la reprise de cette ville syrienne par l’armée nationale syrienne et ses alliés ».
Et McCain de poursuivre, comme si la désintégration de la Syrie était un fait acquis : « Je suis plutôt inquiet pour la localité frontalière syro-turque et je me demande qui finira par l’administrer, les Kurdes ou les Turcs. Erdogan s’inquiète surtout de cette bande de terre qui pourrait tomber entre les mains du PKK, groupe qu’Erdogan considère comme terroriste. Mais au sujet de Raqqa, je suis sûr que les États-Unis finiront par en prendre le contrôle (sic !), mais comment ils vont gérer la situation après, voilà ce qui me préoccupe. Comment allons-nous faire face aux attentats-suicides quasi quotidiens ou encore gérer la vie des gens ? Pendant toutes ces années, nous avons appris une chose, gagner une guerre est plus facile que préserver la victoire et ses acquis. »
L’invasion de l’Afghanistan en 2001 et celle de l’Irak en 2003 ont aidé, de l’aveu de Trump, à l’émergence de groupes terroristes comme al-Qaïda et Daech. Les propos de McCain renforcent l’hypothèse selon laquelle le Pentagone s’apprête à lancer une offensive d’envergure sur Raqqa sans savoir vers quelle direction se diriger par la suite.
Sur le terrain, l’armée syrienne va d’avancée en avancée, quitte à ne permettre à aucune puissance étrangère de s’emparer du territoire national syrien et faire de « ses conquêtes » un élément destiné à provoquer le démembrement de la Syrie.
McCain ne l’a pas précisé, mais la presse américaine s’inquiète aussi d’une présence des Unités de mobilisation populaire irakiennes à Raqqa après la libération de Mossoul, ce qui renforcerait les capacités de l’État syrien à reprendre Raqqa et les autres régions toujours occupées par Daech.