TV

Quelle serait la diplomatie d’une France lepeniste ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La Président du FN reçu par le président libanais, Michel Aoun, le 20 février 2017©AFP

En visite au Liban, Marine Le Pen, la présidente du Front national, le parti d’extrême droite français, a soutenu le maintien d’Assad au pouvoir.

Une manifestation à Beyrouth, au Liban, contre la visite Marine Le Pen, le 20 février 2017. © Courrier Picard

La favorite des sondages pour le premier tour de la présidentielle 2017, qui a promis de réduire sensiblement le nombre des immigrés en France, s’est voulue très critique à l’égard de la politique moyen-orientale des États-Unis et de l’Europe. 

« Je crois que les États-Unis et l’Union européenne ont de mauvaises habitudes, dont celle de s’ingérer dans les affaires du Moyen-Orient. Le résultat : la situation dans le monde a empiré au lieu de s’améliorer », a dit Le Pen à la presse.

Mme Le Pen a invité « le monde arabe » à trouver une solution pour la crise en Syrie et en Libye, tout en annonçant son « soutien à toute démarche qui contribue à établir la paix au Moyen-Orient ». 

Au Liban, où elle a effectué sa première visite étrangère, Le Pen s’est entretenue avec les présidents de la quasi-totalité des formations politiques ainsi qu’avec le président libanais Michel Aoun, le Premier ministre Saad Hariri et le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil. Une rencontre était également prévue avec le mufti sunnite du Liban, mais a été annulée à cause du refus de Mme Le Pen de porter le voile. Ce geste a été qualifié de « déplacé » par le bureau du mufti sunnite du Liban « dans la mesure où tout avait été arrangé pour que Mme Le Pen respecte le protocole ». 

Après avoir rencontré Sami Geagea, chef des Forces libanaises, Sami Jamil, président d’al-Kataeb, et le cardinal des chrétiens maronites du Liban, Marine Le Pen a évoqué en présence des journalistes le cas du président Assad : « Je n’entretiens aucune relation avec le président Bachar al-Assad. Je ne l’ai jamais rencontré, au contraire de certains dirigeants politiques en France, mais je crois qu’en l’absence d’Assad, Daech finirait par prendre le contrôle de la Syrie qui imploserait. » 

Pour Le Pen, « il n’existe aucune alternative au régime de Bachar al-Assad, si ce n’est Daech. Par conséquent, le maintien d’Assad au pouvoir va dans l’intérêt de la France ». « Je n’ai pas cessé de le dire, le fait de s’ingérer dans les affaires syriennes ne bénéficie en aucune sorte à l’État français », a-t-elle ajouté. 

Plus loin, la présidente du parti FN a poursuivi : « Daech est en déclin et il est temps que toutes les parties fassent confiance à la diplomatie. » 

Devenue la cible des critiques des parties pro-saoudiennes au Liban à cause de sa position sur la Syrie, Le Pen a affirmé : « J’ai dit très clairement ce que je pense. La France est la victime directe des attaques de Daech. Il faut éloigner le danger de la France et des Français et l’intérêt de la France consiste à ce qu’Assad reste au pouvoir. » 

Le Pen est revenue sur l’intervention des États-Unis en Irak en 2003 et a réitéré la position de son parti, qui s’était opposé à l’époque à l’invasion de l’Irak par l’armée américaine : « Le FN s’opposait à l’époque à l’intervention militaire américaine en Irak. Il s’oppose aujourd’hui à toute ingérence en Libye et en Syrie. C’est la guerre en Irak qui a créé Daech. C’est la guerre qui a provoqué le chaos en Libye et toute intervention militaire en Syrie est condamnée à l’échec. » 

La candidate de l’extrême droite lors de la présidentielle de 2017 est revenue par la suite sur son principal cheval de bataille, à savoir l’immigration, et a fait remarquer : « L’Union européenne a ouvert ses portes aux réfugiés, mais elle a réduit ses aides aux pays de la région qui accueillent les réfugiés ».

Le Pen a repris vaguement l’idée évoquée par Trump, à savoir la création de zones sécurisées en Syrie, et a conclu : « Le Liban accueille plus d’un million de réfugiés syriens et il n’en a plus la capacité. La guerre n’a pas affecté tout le territoire syrien. De concert avec la communauté internationale, la Syrie devra prendre des mesures pour rapatrier les réfugiés et les héberger dans des zones sûres. »

La visite de la présidente du FN au Liban a débuté dimanche dernier et elle a regagné la France mardi. Le choix du Liban comme première destination étrangère depuis qu’elle est aux commandes du FN renvoie, selon certains analystes, aux relations « historiques » que la France entretient avec le pays du Cèdre. 

Aucune rencontre n’a eu lieu entre Marine Le Pen et les représentants du Hezbollah, allié de premier rang de l’État syrien dans sa guerre contre Daech et les terroristes takfiristes. La candidate d’extrême droite est actuellement donnée en tête du premier tour de la présidentielle, le 23 avril, par les enquêtes d’opinion, mais battue au second tour, le 7 mai.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV