Le Premier ministre turc a annoncé ce dimanche que son pays n’avait pas l’intention de « participer directement aux opérations militaires à Raqqa ».
Cette annonce est faite alors que le président turc Erdogan, en faisant part il y a quelques jours de la fin de l’offensive « Bouclier de l’Euphrate » à al-Bab dans le nord de la Syrie, avait assuré que son armée « mettrait le cap désormais vers Raqqa » où elle devrait « combattre Daech aux côtés des États-Unis ».
Binali Yildirim a toutefois précisé ce dimanche à la presse que la Turquie « ne compte pas prendre directement part aux opérations militaires contre la ville de Raqqa » et que « son rôle s’y réduira à un simple soutien tactique aux forces présentes dans cette opération ». Yildirim n’a toutefois pas précisé ce qu’il entendait par ce soutien « tactique », alors que le Pentagone dit se préparer à envoyer des militaires supplémentaires à Raqqa, ville occupée par Daech depuis 2013 et dont le groupe terroriste prétend avoir fait sa capitale.
Présent à Munich pour participer à la conférence annuelle sur la sécurité, Yildirim a assuré que « les États-Unis, l’ASL (Armée syrienne libre, force terroriste soutenue par Ankara, NDLR) et d’autres paramilitaires seront présents en première ligne lors des combats pour la libération de Raqqa, tandis que la Turquie restera en arrière-plan ».
Le journal turc Yeni Safak, qui rapporte cette information, souligne les doutes que nourrit la Turquie à l’endroit des États-Unis et des véritables plans pour la libération de Raqqa. Alors qu’on lui demandait si les Américains avaient réellement l’intention de participer aux opérations pour libérer la ville des mains de Daech, le Premier ministre turc a répondu : « En tout état de cause, les États-Unis ont un plan pour Raqqa. »
Le doute vient de s’installer dans le camp d’Erdogan depuis que Trump a commencé à souffler le chaud et le froid au sujet des forces kurdes de Syrie, que la Turquie craint comme de la peste. Ces forces bien armées par les États-Unis sont chargées de préparer le terrain au démembrement de la Syrie en créant une région autonome dans le nord du pays, ce qui pourrait servir de prélude à l’émergence d’un État indépendant kurde sur les frontières de la Turquie.
Après un contact téléphonique de 45 minutes avec le président Donald Trump, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a commencé, pour la énième fois depuis le début du conflit en Syrie, à prendre un nouveau virage, cette fois en direction des États-Unis. Très enthousiasmé par l’idée de M. Trump de mettre en place des zones sécurisées dans le nord et le sud de la Syrie, Erdogan s’est montré prêt à passer l’éponge sur les accords conclus avec Moscou et Téhéran et à repartir de bon pied pour entrer dans un nouveau cycle d’hostilité armée contre la Syrie, bien qu’il soit l’une des trois parties, avec l’Iran et la Russie, à avoir parrainé la trêve en Syrie.
Les propos de Yildirim à Munich montrent toutefois qu’Erdogan est loin d’avoir été rassuré par les promesses des États-Unis.