Ali al-Ahmad, directeur du Centre de recherche du "Golfe" basé à Washington s’est penché dans une interview accordée à l'agence de presse Fars News sur les évolutions à Bahreïn et le sixième anniversaire du soulèvement du peuple bahreïni, le 14 février.
Selon ce militant politique saoudien, le soulèvement populaire à Bahreïn est confronté à de nombreux défis, car "les puissances régionales et internationales sont contre cette révolution" qui de surcroît, est "victime de l’hypocrisie de la communauté internationale". Selon cet expert, le cas bahreïni constitue à tous les points de vue "un sacrilège politique".
Alors que la communauté internationale et les pays occidentaux ont soutenu les assaillants armés ayant commis toute sorte d'atrocités en Syrie, ces mêmes parties se sont opposées ouvertement au soulèvement pacifique du peuple bahreïni, dirigé par une minorité qui lui dénie tous ses droits jusqu'à celui d'appartenir à la terre de Bahreïn. L'expert fait allusion ici à des centaines de ressortissants bahreïnis déchus de leur nationalité parce que chiite. C'est aussi le cas du leader de 76 ans des chiites de Bahreïn, Cheikh Issa Qassem, assigné depuis des mois à résidence et menacé sans cesse de détention ou d'expulsion par le régime des Al-e Khalifa.
Interrogé par le journaliste sur les causes du silence des pays qui se posent en défenseurs des droits de l’homme tels que les États-Unis et la Grande-Bretagne, face aux crimes du régime des Al-e Khalifa, Ali Al-Ahmad a répondu :
« Il n’y a l’ombre d’aucun doute que ces pays-là ne pensent qu’à leurs propres intérêts. Tant que les dirigeants saoudiens et bahreïnis sont à la solde des États-Unis et de la Grande-Bretagne, on ne peut s’attendre à ce que Washington et Londres adoptent une position équitable envers le peuple bahreïni. »
La 5ème flotte US à Bahreïn, un nid d'espions
Mais pourquoi une telle mansuétude de la part des gouvernements occidentaux envers le régime de Manama? L'expert a sa réponse : "le point qui mérite réflexion c’est que les États-Unis disposent d'un complexe de renseignement au sein de leur cinquième Flotte déployée à Bahreïn, dont les membres sont arabes et britanniques."L'hostilité au chiisme" est la condition sine qua non pour être recruté par ce centre de renseignement dont la mission est d’espionner les militants politiques et les opposants au régime des Al-e Khalifa." "Ceci étant dit, on peut en conclure que les États-Unis ont deux visages dont le premier est destiné à soulager le peuple en optant pour des conceptions dont les droits de l’homme et la poursuite des activités pacifiques. En ce qui concerne le deuxième visage de Washington, c'est celui qui soutient la répression et le massacre, qui s'opposent à toute revendication politique vis-à-vis du régime de Manama qui n’est qu’une marionnette entre les mains des États-Unis et de la Grande-Bretagne."
Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui possèdent des bases navales à Bahreïn continuent à armer le régime de Manama contre sa population. Dès le soulèvement de 2011, Riyad s'est lui aussi engagé militairement sur le sol de Bahreïn et a envoyé ses troupes participer directement à la répression.
Ghaleb Kandil, expert libanais des questions internationales voit à travers cette décision de Riyad, une démarche destinée à préserver "le royaume wahhabite du vent des révoltes qui soufflait alors sur l'ensemble des monarchies du Golfe(persique)". "Sans Bahreïn, les régions de l'Est saoudien à majorité chiite se seraient depuis longtemps embrasées contre la discrimination et la répression des Al-e Saoud", dit cet expert.