The Globalist met en garde contre le prosélytisme wahhabite de l’Arabie saoudite en Afrique, en ajoutant que Riyad est en contact avec les terroristes de Boko Haram dans plusieurs pays du continent noir.
La revue américaine The Globalist a écrit dans son numéro paru hier, vendredi 3 février 2017 : « Le président américain, Donald Trump, ne doit pas fermer les yeux sur les actions saoudiennes en Afrique, car l’Arabie saoudite tente d’étendre la pensée wahhabite et la violence à travers le continent noir. »
The Globalist ajoute : « L’Arabie saoudite a lancé sans vergogne, sa plus grande campagne diplomatique des 50 dernières années en dépensant plus de 100 milliards de dollars pour diffuser des interprétations fondamentalistes et extrémistes de l’islam et parvenir ainsi à donner du pouvoir aux extrémistes des sociétés musulmanes à travers le monde entier. Bien que l’Arabie saoudite n’assume aucune participation active dans le secteur politique [de l’Afrique], elle a bel et bien propagé une mentalité de militantisme et de violence. Et elle a réussi à se trouver des représentants pour propager sa pensée en Afrique et influer sur les différentes sociétés de ce continent et sur leurs décideurs politiques. »
Le journal américain ajoute : « Contrairement aux croyances établies, la campagne saoudienne ne concerne pas en premier lieu la religion. Il s’agit de géopolitique et plus particulièrement de la lutte avec l’Iran pour l’hégémonie dans le monde musulman. Ainsi, avec ces actions saoudiennes, une approche fondamentaliste opposée au chiisme se développe. »
La revue américaine poursuit en ce sens : « L’un des premiers pays dans lesquels l’Arabie saoudite a exercé son soft power, c’est le Nigeria, en Afrique de l’Ouest, en 1999, dans la région de Zamfara. Une région qui est devenue ensuite le quartier général des deux groupes terroristes Daech et Boko Haram. Le fondateur de ce groupe terroriste était en lien avec Riyad. Le conseiller culturel de l’ambassade saoudienne à Abuja a même annoncé en 2004 que l’Arabie saoudite surveillait de très près, et avec plaisir, l’application de la charia au Nigeria. »
Et il est utile de préciser que Riyad a donné refuge en 2004 à Mohamed Yusuf, le fondateur de Boko Haram, qui fuyait les opérations militaires du Nigeria. Yusuf, qui avait rencontré dans la sainte ville de La Mecque un bon nombre de savants salafistes auprès desquels il avait fait « valider » ses interprétations extrémistes du Coran, est mort en 2009.
Les journalistes et les militants nigérians sont convaincus du fait qu’« il existe une relation directe entre le flot d’argent saoudien déversé sur le Nord nigérian et la montée du fanatisme, la réduction de l’impact du soufisme, qui était pourtant majoritaire dans la région durant des siècles, et les efforts pour marginaliser les chiites. Parce qu’il faut le dire : l’Arabie saoudite a fait bâtir des mosquées spéciales dans toute la région avec ses propres deniers pour que, selon elle, ils ne suivent pas des “païens” dans la prière ! Riyad a installé aussi des écoles salafistes pour propager la pensée wahhabite dans la région. »
Enfin, le journal américain a souligné le fait que, « ces dernières décennies, l’influence des adeptes de la secte wahhabite s’est accrue. Particulièrement après qu’il a été permis aux politiciens et aux fondamentalistes extrémistes de collaborer avec l’Arabie saoudite, ce qui a développé aussi un peu plus les préjugés et les discriminations. »