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Démonstration de force diplomatique de Paris

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Checkpoints, restrictions de circulation et colonisation israélienne galopante... De nombreux Palestiniens estiment qu'une solution à deux États est impossible à mettre en œuvre aujourd'hui.©AFP

A cinq jours de l'investiture du nouveau président américain qui a déjà fixé la date du transfert de l'ambassade US de Tel-Aviv à Qods, et qui dit vouloir faire tout pour "rendre plus fort Israël", la France est hôte d'une conférence consacrée au Proche-Orient que les experts qualifient de "purement symbolique". 

En juin 2016, une première conférence du genre a échoué©AFP

Certes, il y a du monde, les représentants de 75 pays et organisation internationale et tous d'avis qu'une solution à deux États " constitue le remède miracle à une crise aiguë liée à plus de 60 ans d'occupation colonialiste d'Israël des territoires palestiniens. 

Selon les organisateurs, " l'objectif de la conférence, c'est de réaffirmer le soutien de la communauté internationale à la solution à deux États, et faire en sorte que cette solution demeure la référence". Mais quel est le principal souci de la France ? Est-ce pour le bien-être des palestiniens, peuple martyrisé plus d'un demi-siècle que Paris a pris cette initiative ? Rien n'est moins sûr. 

Lors de ses vœux au corps diplomatique, le président français, François Hollande a affirmé le pourquoi de son attachement à cette fameuse solution à deux États : " Laisser périr cette solution serait, a-t-il dit, un risque pour la sécurité d'Israël à laquelle la France est attaché. "

Rappelons que le mot attachement n'est pas du tout gratuit : la sécurité d'Israël est le mot d'ordre de la politique moyen-orientale du gouvernement socialiste sinon rien ne pourrait expliquer l'engagement militaire de la France aux côtés des États-Unis et au sein de l'Otan en Syrie et ce, sous prétexte de combattre le terrorisme takfiriste, terrorisme dont les sponsors avérés entretiennent d'excellentes relations avec l'État français. 

Les diplomates français disent que Paris, en passant par cette initiative, a l'intention de remettre au premier plan un conflit israélo-palestinien passé au second plan. Mais c'est là aussi l'un des grands paradoxes de la diplomatie française. Car sans le soutien de Paris aux guerres menées par les États-Unis et leurs alliés arabes contre la Syrie et l'Irak, ce conflit vieux de 68 ans n'aurait jamais été relégué au second plan. 

Quant aux réactions des parties concernées, elles divergent évidemment : trop pris dans le spectacle que fut le vote anti israélien de l'administration Obama à la résolution anti-colonisation de l'ONU, Netanyahu boude la conférence, allant jusqu'à la qualifier d'imposture palestinienne. Son ministre des Affaires étrangères pousse la folie plus loin parlant d'une nouvelle affaire Dreyfus puisque la résolution finale, vu le grand nombre des participants pourrait ouvrir la voie à une nouvelle résolution anti-israélienne au Conseil de sécurité. 

Est-ce un motif de réjouissance pour les palestiniens ? L'Autorité autonome n'a cessé de faire éloge de cette initiative sans savoir ou vouloir savoir que le spectacle tenu à Paris est un coup dur à l'indépendance palestinienne tant attendue pour laquelle des sacrifices ont été faits : en dépit d'une rhétorique trompeusement anti-israélienne, l'administration Obama s'est distinguée par une aide militaire sans précédente à Israël. L'administration qui va lui succéder, elle, a juré fidélité et allégeance au régime israélien. Initiative de Paris ou pas, Trump a déjà défini les contours de son rêve israélien : avec le transfert de l'ambassade US à Qods, il a déclaré la guerre aux Palestiniens. Maintenant c'est à eux de jouer : se contenter de la portion congrue jusqu'à la disparition totale, ou se battre jusqu'à la restitution de leurs droits. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV