Les ministres des Affaires étrangères de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) se sont donné rendez-vous ce lundi 19 décembre à Rangoun en Birmanie en vue d’examiner les voies censées mettre fin aux persécutions de la minorité musulmane Rohingya.
Lors de cette réunion à Rangoun, les ministres des Affaires étrangères d'Asie du Sud-Est, ont mis en garde contre les "retombées négatives sur les voisins de la Birmanie en matière de sécurité et de stabilité", a indiqué un diplomate à l'AFP.
L’ONG de défense des droits de l’Homme, Amnesty International a publié ce lundi 19 décembre un rapport et recensé les cas de violences des forces de sécurité birmanes à l’encontre des Rohingyas depuis notamment, le 9 octobre 2016, date qui était en coïncidence avec le siège de l’État de Rakhine dans le Nord birman à majorité musulmane.
Selon ce rapport de 59 pages, les soldats et les policiers birmans tirent à l’aveuglette sur les civils et les massacrent; ils violent les femmes et les filles, incendient les villages, arrêtent les hommes et n’infiltrent aucune information sur le lieu de leur détention ou leur chef d’accusation.
Le commissaire aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a qualifié vendredi la réaction du gouvernement birman d'irréfléchie, contre-productive et insensible. Selon lui, l'approche serait même une "leçon sur la façon d'aggraver la situation".
La Malaisie, pays majoritairement musulman qui accueille déjà de nombreux musulmans Rohingyas, a notamment décidé d'attaquer de front le gouvernement birman emmené par Aung San Suu Kyi.
Depuis 2012 les musulmans Rohingyas font l’objet des attaques sauvages et incessantes des bouddhistes extrémistes.
Amnesty International a appelé la Birmanie à mettre fin à toute forme de violence à l’encontre des musulmans et permettre aux journalistes et aux ONG d’accéder à l’État de Rakhine.
“Nous pensons que la situation est maintenant un problème régional, que nous devons résoudre tous ensemble”, a estimé Anifah Aman, le ministre malaisien des Affaires étrangères d’après la copie de son discours publié par Kuala Lumpur.
Le mois dernier, le Premier ministre malaisien avait parlé de génocide de la population musulmane Rohingya et expressément demandé à la lauréate du prix Nobel de la paix d’agir.
Tous les pays de la région craignent que cette flambée de violences ne provoque de nouveau un exode massif des Rohingyas qui fuient déjà en masse depuis plusieurs années la Birmanie.
Il y a un an et demi, en mai 2015, une grave crise humanitaire avait secoué la région quand des milliers d’entre eux s'étaient retrouvés piégés dans le golfe du Bengale après avoir été abandonnés par leurs passeurs en pleine mer.
Considérés comme des étrangers en Birmanie, les Rohingyas sont apatrides même si certains vivent dans le pays depuis des générations. Ils n’ont pas accès au marché du travail, aux écoles, aux hôpitaux et la montée du nationalisme bouddhiste ces dernières années a attisé l’hostilité à leur encontre.
Dans un rapport publié lundi, Amnesty International décrit la “punition collective” – viols, meurtres, incendie de villages – infligée aux Rohingyas et estime que cela pourrait “être assimilé à des crimes contre l’humanité”.
Avec : AFP