La nouvelle politique de Washington consiste à entraîner la Turquie dans des crises intérieures et extérieures, a dit un expert syrien selon qui Erdogan saisira l’occasion du duel américano-russe pour effectuer un chantage politique en sa faveur.
Il a déclaré que le principal facteur de tension entre la Turquie, la Syrie et l’Irak émanait de l’idéologie du gouvernement issu de l’AKP, indissociablement liée au rêve de Recep Tayyib Erdogan de restaurer l’Empire ottoman.
Dans l’optique de la Turquie, a-t-il rappelé, la guerre en Syrie et en Irak, ainsi que l’affaiblissement de leurs gouvernements respectifs, auraient favorisé les agissements extra-frontaliers et l’exécution de ses plans contre ces deux pays.
Dans un récent discours, le président turc a critiqué le traité de Lausanne signé en 1923, démarquant les frontières actuelles de la Turquie, sans omettre de le qualifier de « dangereux » pour les intérêts nationaux de la Turquie. Voilà pourquoi il considère que le temps est propice pour récupérer les territoires de l’Empire ottoman.
« Pour Erdogan, Mossoul et Alep sont deux provinces de la Turquie et ce, alors qu’en 1939 et en vertu d’une transaction avec les Français, la Turquie a rattaché le sandjak d’Alexandrette à son territoire », a dit cet expert.
Erdogan a la conviction que le conflit russo-américain dans la région, et en particulier en Syrie, a créé une fissure politique lui permettant d'exercer des chantages politiques en faveur de ses propres plans. L’expert poursuit que l’affaire chypriote et l’offensive turque sur la côte nord de l’île en 1974 permettent à Ankara de bénéficier de ses bonnes relations avec l’Occident et l’OTAN et d'espérer pouvoir reconduire son expérience dans ce Moyen-Orient trouble.
Mais Erdogan a-t-il une quelconque chance de réussir?
L'expert estime : " Ce que cherche à préserver Erdogan dans le nord syrien (Raqqa et Alep) tout comme dans le nord irakien (Mossoul) est le lien de la Turquie avec le monde arabe. Si l'axe "Mossoul - Tal Afar- Alep" tombe entre les mains des Syriens, des Russes et des Iraniens, c'est l'influence turque au sein du monde arabe qui en pâtit. Seulement Erdogan agit mal sur le terrain. "Toute entreprise qu'il entreprend expose son pays à des risques majeurs"
"Les agissements turcs violent le droit international et sèment la discorde au sein de la société turque tout comme au sein de la région : la répression des kurdes en particulier, celle de ses opposants, sa sympathie pour les takfiristes ou encore ses menaces contre les forces populaires en Irak n'avancent pas d'un iota le président-sultan Erdogan. Ces politiques portent atteinte à la coexistence pacifique et à la paix nationale en Turquie tout comme dans la région"
Le piège que les Etats-Unis ont tendu au Frère Erdogan semble l'avoir huppé à fond . Chaque pas franchi par le Président turc attise les tensions domestiques et la brouille avec les voisins de la Turquie . C'est là un chemin qui mène aux interminables guerres intestines, bref, à l'enfer".
"En fait, le projet américain consiste à entraîner Erdogan dans davantage de problèmes intérieurs et extérieurs, et ce, dans l'objectif d’épuiser une Turquie qui se vantait il y a encore quelques temps de son plein succès économique."