L’Airbus A320 a disparu des radars à environ 180 miles de la côte égyptienne après avoir réduit brusquement son altitude de 37.000 à 15.000 pieds dans les secondes qui ont suivi son entrée dans l’espace aérien égyptien.
Les passagers venaient d’Egypte, d’Arabie saoudite, d’Irak, de France, du Royaume-Uni, du Koweït, du Soudan, du Tchad, du Portugal, de Belgique, du Canada et d’Algérie.
Si la cause réelle de la destruction du vol 804 est toujours controversée, il était tout de suite clair que les puissances de l’OTAN sauteraient sur l’occasion pour intensifier leurs opérations de guerre et leurs préparatifs d’Etats policiers, menés sous le prétexte frauduleux de la «guerre contre le terrorisme ».
En quelques heures, les gouvernements occidentaux et régionaux ont avancé l’assertion d’une implication terroriste et promis que des forces de l’OTAN, américaines et françaises entre autre, allaient participer à une réponse officielle coordonnée par les gouvernements égyptien, français et grec.
Il était « plus que probable » que le vol 804 avait été abattu par une attaque terroriste, a annoncé le gouvernement égyptien. Donald Trump, le favori républicain à la présidentielle américaine a dénoncé jeudi un « islam radical » responsable du « carnage partout dans le monde, y compris au World Trade Center, à San Bernardino, à Paris, contre [le navire] USS Cole, à Bruxelles ».
« On dirait bien une nouvelle attaque terroriste. L’avion venait de Paris. Quand allons-nous faire preuve de fermeté, d’intelligence et de vigilance? », a tweeté Trump. Le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, a lui aussi affirmé qu’« un avion avait été descendu ».
La rivale démocrate de Trump, l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton, a elle aussi déclaré que le crash était « un acte de terrorisme » et exigé plus de « leadership américain en Europe, au Moyen-Orient et ailleurs », et plus d’attaques contre l’Irak et la Syrie.
Le président américain Barack Obama et ses conseillers antiterroristes suivent de près la situation, a dit la Maison Blanche.
Selon les enquêteurs grecs les affirmations d’implication terroriste sont prématurées; ceux-ci ont fait état d’indices que les débris de l’avion n’indiquaient pas un attentat terroriste. De plus, aucun groupe terroriste n’a revendiqué la responsabilité d’avoir abattu l’avion jeudi soir.
Quel que soit la réalité des faits, il ne fait aucun doute que les annonces hâtives des gouvernements occidentaux sont politiquement motivées.
Les attentats de novembre dernier à Paris et à San Bernardino ont été suivis d’une énorme escalade de la répression policière de la part du gouvernement français, dont des lois accordant aux forces de sécurité françaises des pouvoirs pratiquement illimités pour surveiller, rechercher et tuer tout individu que la police soupçonne de « menacer la sécurité et l’ordre public ».
Le jour même de l’accident, l’Assemblée nationale française prorogeait pour une période supplémentaire de deux mois l’état d’urgence décrété après les attentats de Paris.
L’accident d’avion de jeudi s’est produit seulement quelques jours après le passage de la réactionnaire loi travail du Parti socialiste (PS), le dernier d’une suite de décrets d’urgence visant à préparer l’Etat français à l’émergence de luttes révolutionnaires contre le capitalisme.
Le premier ministre français Manuel Valls avait déjà annoncé en avril que les pouvoirs autoritaires seraient prorogés en prévision d’attaques sur les prochains « grands événements » sportifs, le championnat d’Europe de football et le Tour de France.
Les gouvernements européens se sont servi du détournement du vol 181 d’EgyptAir en mars et de la destruction du vol 9268 de la compagnie aérienne russe MetroJet au-dessus de la péninsule du Sinaï en octobre dernier, pour imposer des mesures de sécurité plus sévères dans les aéroports.
Pratiquement tous les incidents terroristes des 15 dernières années furent le fait d’individus liés aux services de renseignement occidentaux. Les membres de l’État islamique responsables des attentats du 13 novembre à Paris étaient bien connus des polices française et belge avant l’attaque et résidaient à moins d’un km de la préfecture de police de Paris. Les terroristes du 11 septembre venaient majoritairement d’Arabie Saoudite, principal allié des États-Unis au Moyen-Orient; on continue d’interdire l’accès public de quelques 80.000 pages de documents secrets du FBI détaillant les relations entre les pirates de l’air du 11 septembre et l’élite saoudienne.
De tels attentats, s’ils ne sont pas initiés par les Etats, font directement le jeu des cliques impérialistes et de leurs agences de renseignement militaire, et de leur marche à la guerre et à la dictature dans le monde entier. Chaque attaque est suivie d’une nouvelle série de mesures d’Etat policier et de répression contre la classe ouvrière et les immigrants.
L’incident de jeudi est particulièrement inquiétant vu les préparatifs par toutes les puissances impérialistes à une intensification des interventions militaires en Libye, au Yémen, en Syrie et en Irak, ainsi que le long de la frontière russe et des côtes chinoises.
Thomas Gaist
Source: WSWS