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Egyptair: un attentat de trop

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le célèbre analyste arabe, Abdel Bari Attwan. (Photo d'archives)

Le crash de l'avion d'Egyptair en Méditerranée ne devra pas être pris à la légère : il pourrait convaincre un pays comme la France de changer définitivement de camp !  

Dans un article daté de ce samedi 21 mai, l'éditorialiste de Ray al Youm, Abdel Bari Attwan revient sur le crash de l'avion reliant Paris au Caire et ses répercussions sur les évolutions régionales. " Cet incident survient à un moment on ne peut plus crucial pour l'opposition syrienne, la même opposition que soutiennent l'Arabie saoudite, la Turquie et le Qatar. Pourquoi? Car les grandes puissances finissent par se laisser convaincre d'une chose : il n'existe qu'une seule et unique priorité en ce moment qui prime sur toutes les autres, y compris le départ d'Assad et qui est la lutte contre le terrorisme. 

Les circonstances dans lesquelles s'est produit le crash restent entourées de la plus grande incertitude alors qu'aucun groupe n'a revendiqué l'incident. N'empêche qu'un tel incident, s'il est provoqué par une bombe, est propre à secouer l'industrie de l'aviation civile. Cette industrie n'est toutefois pas la seule à subir les contrecoups du crash. Déçue par les résultats de la récente conférence à Vienne des 22 pays candidats à aider la Syrie pour sortir de la crise, l'Arabie saoudite a évoqué par la voix de son ministre des AE, Adel al Jubeir, "un plan B ". 

"Assad se trouve devant un double choix : ou bien il va s'écarter du pouvoir par les voies politiques ou bien il va en être expulsé par les voies militaires", a dit Jubeir.  

Sur fond de ces menaces, le chef de la délégation anti Assad Al-Zobi n'a pas hésité à décrire " une grande coalition dans le nord de la Syrie qui vise à rallier tous les groupes armés et qui a pour mission celle d'attaquer les positions des pro Assad dans le nord aussi bien que dans le sud." 

La Russie continue à soutenir le président syrien pas pour ce qui est mais plutôt pour le ralliement qu'il a permis autour de la lutte contre le terrorisme. Il y a quelques jours, Lavrov disait :" ce n'est pas la personne d'Assad que nous soutenons. C'est la lutte contre le terrorisme qui est notre cheval de bataille et dans les circonstances actuelles, il n'existe aucune autre force, sauf l'armée arabe syrienne pour le combattre." 

Après le crash de l'Egyptair, on ne s'étonnera plus d'entendre Lavrov dire : ne vous avais-je pas averti quant aux risques à venir? Ne vous avais-je pas fixé les vraies priorités? Et on sait pertinemment que c'est au triangle Riyad/Ankara/ Doha que s'adressa cette remarque.

Aux yeux de nombreux alliés des Al-e Saoud, dont l'Egypte d'Al Sissi largement soudoyés par Riyad, ce dernier a commis une grave erreur en évoquant le plan B à un moment pareil. Car ce plan B qui consiste à doter les opposants anti-Assad en missiles anti aériens et en missiles anti chars, risque, désormais et à la lumière de l'incident aérien récent, de provoquer l'ire des Russes. La colère pourrait pousser la Russie à armer l'armée syrienne de batteries de missiles S300 qui pourraient passer à l'acte contre les avions turcs, saoudiens et américains. En outre, la Russie pourrait trouver le prétexte à reprendre ses frappes contre les groupes armés, suspendus depuis trois mois, ce qui reviendrait à impliquer Moscou plus profondément dans la crise. 

L'Arabie saoudite s'est empêtrée dans des dossiers trop alambiqués qui la paralysent presque au Yémen, la défient royalement sur ses propres frontières cibles d'infiltrations terroristes, et l'exposent aux poursuites judiciaires dangereuses pour son rôle présumé dans les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV