Quatre jours après avoir été annoncé, le retrait russe de la Syrie est considéré par la majorité des médias occidentaux comme "un lâchage" d'Assad par Poutine.
Certaine presse y verrait même le signe d'un éloignement de Moscou de l'axe de la Résistance par fidélité à Israël. Mais s’agit-il réellement d'un lâchage?
Les remarques suivantes s’imposent :
1- Les opérations russes en Syrie visaient surtout à nettoyer les côtes de Lattaquié de la présence des terroristes, à marginaliser Daech et ses alliés. Cet objectif est désormais atteint à un point tel que les unités militaires russes restent souvent inactives, se limitant à pilonner de temps à autre les positions ennemies.
2- L'aviation russe a réduit ses raids de 50% par rapport aux mois d'octobre et de novembre. L'accord sur la cessation des hostilités et la baisse de l'intensité des combats reflètent d'ailleurs cette réalité.
3- La trêve instaurée a provoqué la zizanie dans les rangs des takfiris, ce qui a largement aidé les forces syriennes et leurs alliés.
4- La Russie est capable à tout moment de revenir sur sa décision et de renvoyer ses troupes en Syrie. La Russie n'a été ni "écartée" ni "répudiée" de la Syrie. Sa mission n'a pas non plus expiré. Le fait que la présence militaire russe en Syrie est une nécessité ou pas, c'est à Damas qui revient le droit d'en décider.
5- La décision de Poutine de se retirer de Syrie date d'avant les pourparlers de paix et c'est une décision prise en coordination avec l'Iran et Assad. Moscou veut éviter que les opposants de Damas crient à la victoire une fois que les pourparlers syro-syriens auront pris fin.
Toujours est-il que le retrait russe laisse intacte cette partie de l'arsenal russe dite "stratégique" qui contient des S400 entre autres. En ce sens, il semblerait que le retrait russe serait tout sauf un coup de théâtre, dans la mesure où la Syrie et ses alliés ont bel et bien prouvé que le hasard n'a pas sa place dans leur stratégie.